Qui sème le vent récolte la tempête! | Vigilance Port de Québec.

Qui sème le vent récolte la tempête!

Critique de la thèse présentée par l’entreprise Arrimage du St-Laurent (ASL), dans son communiqué et son point de presse du 19 décembre 2012. Propos repris par le maire de Québec Régis Labeaume et le PDG d’Administration portuaire de Québec (APQ) Mario Girard.

Nous savions déjà à la lecture du communiqué de presse que quelque chose clochait. Notre intuition à fait place à la stupéfaction une fois que nous avons eu en main les rapports d’analyse. Nous avons quand même pris le temps de valider nos doutes et aujourd’hui ce sont des certitudes. Voyons comment la thèse d’ASL supportera le test ultime des faits et de la science…

Argumentation principale d’ASL: Le produit dispersé le 26 octobre était de la poussière de fer, qui n’est pas nocive pour la santé, et il s’agissait d’un incident isolé dû à une erreur humaine. Notre rapport d’analyse scientifique sur le réplicat de l’échantillon du MDDEFP est formel, nous ne dépassons pas les concentrations maximales pour un secteur résidentiel. Toute autre substance qui pourrait se trouver dans l’environnement ne provient pas nécessairement de nos opérations. Nous avons agi rapidement et pris toutes les mesures pour éviter qu’un tel incident ne se reproduise.

Qu’en est-il vraiment…

1. Il ne s’agissait que de poussière de fer. Tout tourne autour de ça finalement. Que de la poussière de fer, rien de plus. Peu importe le terme utilisé: minerais de fer, poussière de fer, oxyde de fer, rouille, hématite il s’agit toujours du même produit, sous l’angle chimique, qui devrait normalement et en toute logique contenir une grande quantité de fer… Le plus gros problème avec les échantillons présentés? Il n’en contiennent à peu près pas!

Le porte-parole d’ASL et le représentant du laboratoire Maxxam Analytique ont présentés ce qu’ils affirment être des rapports d’analyses chimiques prouvant leurs dires. Les taux pour le fer sont de 2,5% dans un des cas et dans l’autre de 4,4%. Comment quelque chose sensé être de l’oxyde de fer peut-il contenir aussi peu de fer… Si j’étais le client acheteur et qu’on me refilait du fer avec si peu de fer, je me sentirais un peu floué! Il y a tout le moins incohérence manifeste entre le discours et la preuve présentée en soutien. En comparaison, notre échantillon de la poussière rouge récoltée le 26 octobre, à près de 4 km de la source, contenait 17% de fer.

2. Ce n’était pas nocif. L’effet sur la santé d’un produit dépend de plusieurs choses, sa toxicité propre, mais aussi la quantité et la forme qu’il prend. Si l’oxyde de fer n’est généralement pas nocif en petite dose le fait d’en respirer et d’en ingérer une grande quantité, même sur une courte période, n’est pas sans effet. Le sable non plus n’est pas toxique, mais si vous restez 72 heures dans une tempête de sable il y a de fortes chances pour que vous en ressentiez des effets!

Ensuite, nos analyses ont clairement démontrées qu’en plus du fer un cocktail très inquiétant d’autres métaux se trouvait aussi dans la poussière et que plusieurs de ceux-ci sont nocifs. Finalement, nous aimerions qu’ASL ose redire la même chose devant notre petit Léonard qui en a eu jusque dans la bouche en plus de tousser du vendredi au mardi, soit jusqu’à ce que l’ouragan Sandy eusse fait le travail de rabattage de la poussière dans notre rue.

3. Il s’agissait d’un incident isolé. Nous vous invitons à consulter les nombreux reportages, témoignages et commentaires de citoyens de Lévis, du Cap-Blanc, de Beauport et d’employés du port. C’est sincèrement très instructif! Pour nous, une suite d’incidents isolés, ça se nomme une constance. Aussi, nous ne sommes plus dans l’incident du 26 octobre depuis longtemps. Nos analyses et les témoignages de citoyens ont aussi permis de démontrer que les émissions de poussière sont à l’image des opérations au Port de Québec… 24 heures par jour, 365 jours par année et en forte croissance!

4. Erreur humaine. En fait, la situation est encore plus simple… les canons à eaux supposés contrôler l’émission de poussière n’ont simplement pas été activés. Nous ne faisons pas cette affirmation à la légère, elle nous a été rapportée par plusieurs autorités, incluant un représentant d’ASL. En fait plusieurs personnes ayant travaillés au Port de Québec nous ont rapportées qu’ils ont rarement vu des canons en opération. En fait nous cherchons encore des images montrant des canons en opérations. Si ASL ou l’APQ en ont à nous fournir, nous sommes preneurs.

5. Analyse scientifique. Nous y voilà enfin, le pouvoir de la science! On a essayé de faire croire que nous étions un peu folkloriques dans nos méthodes alors que la science, la vraie, était autre chose. Nous ne connaissons pas le bagage scientifique de M. Thibault ni des dirigeants d’ASL, mais nous les invitons quand même à décrire en détail leur méthodologie d’échantillonnage, comme nous l’avons fait en toute transparence. En revanche, en plus de Louis qui est un scientifique reconnu, nous avons eu le support dans nos analyses d’un Docteur en science et chercheur spécialisé dans la chimie des sols et d’un Docteur en géochimie… entre autre.

6. Même échantillon que le MDDEFP. Il est fascinant de voir comment la CAQ peut dans un même exercice de communication se servir du MDDEFP pour se donner une crédibilité et en même temps affirmer globalement ne pas reconnaître sa juridiction. Pour l’incident du 26 octobre, plusieurs échantillons ont été prélevés par le MDDEFP. Un premier à notre résidence au moment de la plainte, un deuxième au terminal d’Arrimage du St-Laurent par le technicien d’Urgences-Environnementales quand il a finalement eu accès, d’autres le lundi suivant dans les environs de notre résidence et finalement quatre au terminal d’ASL le 31 octobre au moment de l’enquête, soit plus de cinq jours après l’incident, ceux sur lesquels ASL se base. Aussi, pourquoi présenter seulement deux des échantillons sur quatre et sur deux rapports différents, alors que la procédure est habituellement de faire apparaître tous les résultats sur un même rapport?

Nous savons qu’ultimement nos résultats se rapprocheront de ceux du MDDEFP… mais est-ce qu’on aura la vérité un jour? ASL a déjà refusé de remettre son plan correctif suite à l’avis de non-conformité. Si l’enquête débouche sur des accusations, ASL fera comme toutes les fois où un locataire du Port de Québec croise le fer avec le MDDEFP, comme dans le cas IMTT-Québec, elle contestera la juridiction. L’affaire ira alors grossir les rangs des causes pendantes tant que la question ne sera pas résolue.

7. Ne dépassant pas les concentrations pour un secteur résidentiel. M. Thibault a même soutenu que ce qui était en cause pourrait servir de terre de remblai pour la construction domiciliaire. En effet, comme nous l’avons présenté plus haut, l’échantillon ne contenait vraiment rien… pas même du fer! Encore une fois, on utilise une partie de l’information et on la présente sous un angle avantageux, mais on compare des pommes avec des moulins à coudre!

S’il y avait effectivement un tas de minerai de fer propriété d’Arcelormittal sur le site d’ASL le 31 octobre et sur lequel on a prélevé un échantillon pour analyse, il se peut très bien que les concentrations d’autres éléments soit faible. Ce qui est en cause ici ce sont les émanations de poussières provenant de l’ensemble de ses opérations.

Pour ça, une liste détaillée des produits manutentionnés au quotidien, ce que le Port de Québec a toujours refusé de fournir, jumelée à des mesures de qualité de l’air ou à des échantillons de poussière pris en dehors du site seraient beaucoup plus pertinents. Nous rappelons que de l’aveu même de Mario Girard 1 400 bateaux ont été chargés et déchargés en 2012 soit une moyenne de près de quatre bateaux par jour tous les jours.

8. Le reste ne provient pas nécessairement de nos opérations. En dehors de l’incident du 26 octobre et de l’oxyde de fer, pour lequel elle accepte de prendre partiellement le blâme, ASL comme le Port de Québec refusent de reconnaître qu’ils pourraient être en cause pour la présence des autres métaux. En fait, ils ont bien raison de jouer la carte des sources multiples… Ça a tellement bien marché dans le passé qu’avant le 26 octobre très peu de gens connaissaient la nature et l’ampleur de leurs opérations.

Aussi, autant ASL que le maire et le PDG d’APQ ont insisté pour bien distinguer ce qui vient de l’atmosphère de ce qui ce trouve par terre. Nous avons présenté dans notre méthodologie comment nous ne prélevons que la fine poussière sur une surface propre à bonne distance du sol, mais selon nous il s’agit d’un faux débat.

Il faut prendre la question autrement. Bien que nous soyons convaincus que la poussière qui se dépose jour après jour provient principalement de l’atmosphère, en fait peu importe comment la poussière se retrouve dans les rues du centre-ville. Il y a dans cette poussière des concentrations importantes de fer, de cuivre, de nickel et de zinc. Exactement les quatre même produits qu’ASL et l’APQ reconnaissent comme l’essence même de leurs opérations dans le vrac solide. Y-a-t-il encore quelqu’un, sauf eux, pour croire qui il ne s’agit que d’une simple coïncidence?

9. Agi rapidement et pris toutes les mesures. Vous trouvez? Limiter les mesures d’atténuation de la poussière aux canons à eau, peu importe pour combien on en a, alors que de nombreuses autres mesures drôlement plus efficaces existent depuis longtemps. Laisser la population inquiète plus de 72 heures sans même reconnaître l’évènement et le produit en cause. Faire obstruction au travail d’un officier de l’état dans le cadre de ses fonctions. Offrir à quelques résidents de faire nettoyer leur maison en vitesse ou un chèque de 200$ sans même une lettre d’excuses. Confier à une firme externe la révision de ses processus, mais sans s’engager à présenter publiquement les résultats. Systématiquement nier la compétence des autorités en santé et en environnement. Refuser encore et toujours de faire personnellement face au public. Définitivement, nous n’avons pas la même définition de ce que doit être une entreprise citoyenne… Et encore moins un exemple de développement durable!

Nous l’avons dit à maintes reprises, nous le répétons une fois de plus: la cohabitation des différentes vocations sur un même territoire est possible, mais pour se faire les différents acteurs doivent faire preuve de bonne volonté. Quand on voit la façon dont ASL et l’APQ se comportent dans ce dossier, on est en droit d’avoir des doutes.

Finalement, depuis l’incident du 26 octobre toutes nos actions, nos demandes, nos informations concerne l’APQ et l’ensemble de ses utilisateurs et non uniquement ASL. N’est-il pas temps pour Mario Girard, PDG de l’APQ et pour Éric Dupont président du conseil d’administration de répondre aux préoccupations légitimes de toute la population?

Si Mario Girard, comme il le soutient, est très sensible aux relations avec les citoyens et s’il souhaite réellement faire du Port de Québec un modèle du genre, il pourrait commencer par annoncer publiquement qu’il s‘engage, en son nom et aux noms de ses utilisateurs, à reconnaître une fois pour toute la légitimité des autorités provinciales en environnement et en santé. Ce que nous attendons de l’APQ est une démarche sérieuse, participative et transparente pour régler enfin le problème des nuisances excessives en lien avec ses opérations… pas une campagne de communication!

Initiative citoyenne de vigilance du Port de Québec.

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