Poussière de nickel: la responsabilité du Port de Québec mise en doute | Le Soleil.

Publié le 13 mars 2013 à 05h00 | Mis à jour le 13 mars 2013 à 09h42

Le Soleil

Poussière de nickel: la responsabilité du Port de Québec mise en doute

JEAN-FRANÇOIS CLICHE

(Québec) Le quartier Limoilou a peut-être bien un problème de pollution à la poussière de nickel, mais il serait étonnant que le problème soit causé par les grandes quantités de nickel qui transitent par le port de Québec, estime le géochimiste de l’Université Laval Georges Beaudoin.

Comme le révélait Le Soleil, mardi, une étude préliminaire menée par un chercheur de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), Richard Saint-Louis, a trouvé l’été dernier des concentrations alarmantes de nickel dans la poussière du quartier. Ces teneurs surpassaient les normes provinciales pour le nickel dans le sol des milieux résidentiels (100 milligrammes de nickel par kilogramme de sol), par des marges allant de 20 % jusqu’à près de 700 %. Le nickel est considéré comme une substance cancérigène ou possiblement cancérigène par la plupart des autorités sanitaires du monde.

La courte étude de M. Saint-Louis – qui devra être validée par d’autres travaux plus complets, avertit le chercheur – montrait aussi qu’une signature chimique du nickel, soit le ratio nickel/cobalt (Ni:Co), était toujours constante à environ 18 pour 1, ce qui suggère une source unique. Le spécialiste en chimie de l’environnement a également observé que les teneurs en nickel augmentaient à mesure que l’on s’approchait de la zone englobant le port de Québec et le parc industriel de la Canardière.

Soupçons

La citoyenne de Limoilou Véronique Lalande, qui accuse le Port d’être la source de pollution métallique sur son quartier, a vu là la confirmation de ses soupçons. La militante fait valoir qu’il s’agit du plus gros terminal de nickel en Amérique du Nord et que le ratio Ni:Co de 18 pour 1 est presque identique à celui de la mine de Voisey’s Bay, exploitée au Labrador par Vale Inco, d’où provient une bonne partie du nickel qui transite par Québec.

Cependant, a fait remarquer Georges Beaudoin au Soleil, il faut savoir que ce ratio ne concerne que le minerai de Voisey’s Bay – lequel contient 1,66 % de nickel, 0,87 % de cuivre et 0,09 % de cobalt, donc 18,4 fois plus de nickel que de cobalt – et que ce n’est pas ce minerai qui transite par le port. En effet, la mine sépare le nickel et le cuivre par flottation, puis concentre ses métaux sur place.

C’est ce concentré qui transite par Québec – en route vers Sudbury, pour y être fondu et raffiné – et le procédé de concentration peut très bien changer le ratio nickel/cobalt.

M. Beaudoin admet ne pas connaître les proportions de nickel et de cobalt du concentré de Voisey’s Bay, et il n’a pas été possible de les trouver mardi. Mais le géochimiste ajoute que le port reçoit également du nickel de la mine de Raglan, dans le Nord-du-Québec. Cette mine-là aussi concentre son minerai sur place, et le concentré qu’elle envoie à Québec contient quant à lui environ 49 fois plus de nickel que de cobalt.

Ainsi, même si le concentré de Voisey’s Bay avait un ratio Ni:Co de 18:1, les poussières provenant de l’autre mine devraient alors changer cette proportion. Il demeure théoriquement possible que le concentré de Voisey’s Bay ait par hasard un ratio Ni:Co tel que son mélange avec le concentré de Raglan s’adonnerait à donner un ratio de 18:1, mais cela serait toute une coïncidence, dit M. Beaudoin.

Du côté du Port de Québec, on a préféré mardi ne pas commenter l’étude de Richard Saint-Louis, disant ne pas avoir pu en prendre connaissance.

via Poussière de nickel: la responsabilité du Port de Québec mise en doute | Jean-François Cliche | Environnement.

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