Nickel dans Limoilou: la classe politique inquiète | Le Soleil.

Publié le 18 mars 2013 à 20h32 | Mis à jour le 18 mars 2013 à 20h32

Le Soleil

Nickel dans Limoilou: la classe politique inquiète

La député péquiste de Québec et ministre responsable de la région, Agnès Maltais (Photo: Le Soleil, Erick Labbé).

VALÉRIE GAUDREAU et JEAN-FRANÇOIS CLICHE

La classe politique de la région s’est dite inquiète, lundi, des fortes concentrations de nickel présentes dans l’air de Limoilou, révélées par Le Soleil. Et ce, tant au provincial qu’à l’hôtel de ville.

La député péquiste de Québec et ministre responsable de la région, Agnès Maltais, a rencontré lundi la résidente de Limoilou Véronique Lalande, qui a fondé l’Initiative citoyenne de vigilance du Port de Québec pour faire pression sur le Port, qu’elle estime responsable de la pollution métallique dans son quartier. Étaient aussi présents des citoyens de Lévis, du Cap-Blanc et de Beauport qui partagent les mêmes préoccupations que Mme Lalande, qui a par ailleurs remis à la ministre un rapport d’enquête fondé en partie sur les mêmes données que les nôtres.

«Je me suis trouvée inquiète de voir ces chiffres-là, a dit Mme Maltais. C’est troublant parce qu’il a fallu qu’une simple citoyenne se mette à ramasser la poussière et à ramasser les informations pour qu’on en arrive à découvrir qu’il y a peut-être un problème beaucoup plus profond que ce qu’on croyait. […] Il est clair qu’il va falloir finir par connaître les véritables impacts sur l’environnement de l’activité portuaire. Je pense que c’est autour de ça qu’on va travailler.»

Mme Maltais a précisé que son collègue titulaire de l’Environnement, Yves-François Blanchet, aurait voulu assister lui aussi à la rencontre avec Mme Lalande mais qu’il n’a pas pu se libérer.

Le Soleil dévoilait lundi des données du ministère de l’Environnement (MDDEP) qui montrent qu’entre 2010 et 2012, l’air de Limoilou contenait en moyenne 5,7 fois plus de nickel que les normes provinciales – soit 68 nanogrammes par mètre cube (ng/m3) contre 12 ng/m3. Le nickel est un métal que la plupart des autorités sanitaires dans le monde considèrent comme cancérigène ou possiblement cancérigène.

De son côté, Mme Lalande dit avoir «senti beaucoup d’ouverture et de sérieux de la part» de la ministre.

«Je pense que là, ils sont en train de réaliser qu’ils doivent vraiment agir, et qu’ils sont rendus à se demander comment.»

Labeaume s’en remet à la santé publique

Le maire Régis Labeaume a pour sa part dit lundi avoir parlé avec le directeur du Port de Québec, Mario Girard, et le directeur régional de santé publique, François Desbiens. «Là, nous c’est clair, clair, on s’en remet au Directeur de la santé publique. Légalement, c’est son dossier», a commenté le maire en annonçant qu’un comité a été mis sur pied. Il comprend quatre employés de la Ville de Québec spécialisés en sécurité civile ou en environnement.

«Ça fait penser à la légionellose. Lui, il dirige l’affaire et nous, on vient en support. On vit exactement la même affaire», a-t-il dit.

Plus tôt en matinée, M. Labeaume avait aussi commenté l’étude révélée par Le Soleil, qualifiant les résultats de «préoccupants».

«Il faut trouver la source», a-t-il lancé. «Ça ne vient pas de l’incinérateur, c’est quand même une bonne nouvelle nous concernant, mais il faut que ça vienne de quelque part alors il faut régler ça, il n’y a pas de doute.»

Régis Labeaume a alors estimé que la prochaine étape était de «faire pression sur le Port». «Mais encore là, on va tout vérifier avant», a-t-il ajouté.

Lundi soir, la Ville de Québec n’avait pas encore pu voir l’étude en question.

Du côté du Port de Québec, on a réagi lundi avec la même circonspection qu’à l’accoutumée, le porte-parole Anick Métivier se bornant à dire que l’institution n’émettrait aucun commentaire sur ces données avant d’en avoir pris connaissance.

«Mais on peut confirmer que nous allons collaborer avec [les autorités environnementales]» dans ce dossier, a-t-il assuré.

Même son de cloche chez l’entreprise Arrimage du Saint-Laurent, qui fait de la manutention de vracs solides dans le port (dont beaucoup de nickel) et qui a été condamnée à un avis de non-conformité du MDDEP, l’automne dernier, après que ses activités eurent produit un gros nuage de poussière rouge (de l’oxyde de fer) qui s’est ensuite déposé sur Limoilou.

Arrimage du Saint-Laurent avait alors aussi reçu un avis d’infraction pour avoir nui au travail d’un inspecteur gouvernemental. La compagnie a fait savoir par communiqué qu’elle ne commenterait pas les données de l’Environnement, mais son directeur général Jean-François Dupuis a écrit au MDDEP pour l’«assurer de notre volonté de collaborer avec tous les intervenants en vue d’identifier les sources de poussière de nickel».

Avec Annie Morin

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