La crainte gagne du terrain | Journal de Québec.

PUBLIÉ LE: MERCREDI 10 AVRIL 2013, 22H12 | MISE À JOUR: JEUDI 11 AVRIL 2013, 24H18

Journal de Québec

POUSSIÈRE SUSPECTE: La crainte gagne du terrain

NICOLAS LACHANCE

QUÉBEC – À bout de nerfs comme les citoyens de Limoilou, les résidents du Cap-Blanc craignent pour leur santé à la suite d’épisodes d’émission de poussières intenses de différentes substances, dont du charbon.

À l’instar de ceux de Limoilou, les citoyens du Cap-Blanc, qui habitent près du boulevard Champlain, vivent durement les répercussions des tonnes de matériaux entreposés au port.

Des poussières de béton, de sucre, de sel, et même récemment de charbon, ont envahi leurs voitures, leurs balcons et l’intérieur de leurs résidences.

«On ne sait pas exactement ce que l’on respire. Il y avait du charbon partout qui a recouvert nos propriétés durant une partie de l’année», a signalé au Journal Rénald Goulet, qui représente les citoyens du Cap-Blanc dans ce dossier. Selon lui, le charbon aurait été déchargé en catimini, lors d’une nuit de fin de semaine à la fin du printemps dernier.

Rencontre avec la Ville

Le 18 octobre 2012, des résidents ont rencontré les responsables du port afin de faire le point sur les désagréments vécus. Des représentants de la Ville de Québec étaient aussi présents, dont la conseillère Chantal Gilbert. Lors de cette réunion, il a été question des problèmes de poussière, de bruit et de mauvaises odeurs. De plus, les citoyens ont fait part aux responsables de leurs craintes face au futur agrandissement du port.

Dans le procès verbal de cette soirée, un porte-parole du Port estime que la dernière année était très particulière.

«2012 est une année exceptionnelle qui a amené des activités intenses dans le secteur de l’Anse-au-Foulon. Il y a eu la reconstruction du hangar incendié, la destruction de la gare maritime et l’épisode de l’entreposage du charbon (…). La question des odeurs sera discutée avec l’entreprise concernée», peut-on lire dans le document obtenu par le Journal.

Réactions à l’inaction

Le groupe de citoyens ne voulait par ébruiter l’affaire, croyant pouvoir régler ce dossier avec le Port de Québec. Toutefois, devant l’inaction du Port et d’Arrimage Québec, six mois après cette rencontre, les citoyens ont décidé de sortir publiquement.

Depuis le 4 décembre, le ministère de l’Environnement du Québec a aussi été mis au courant du dossier. «On demande à ce qu’il y ait aussi de l’échantillonnage au Cap-Blanc, pas seulement à Limoilou», a indiqué M. Goulet.

Jusqu’ici, le seul gain de M. Goulet dans sa bataille est l’assurance que sa maison sera nettoyée aux frais d’Arrimage Québec.

Par ailleurs, aujourd’hui, Arrimage ouvre ses portes aux médias afin qu’ils puissent assister à un déchargement de nickel au port. Par cet exercice de relations publiques, la compagnie désire convaincre la population que ses activités ne sont pas dommageables pour l’environnement et la santé.

DÉMARCHE COLLECTIVE INFRUCTUEUSE

Évoquant une possible poursuite, les résidents du Cap-Blanc ont remis au Port une pétition de 198 signatures en septembre 2012, en relatant leurs peurs, leurs mécontentements et les problèmes de santé.

Par cette démarche collective, les citoyens du Cap-Blanc demandaient au Port de Québec de limiter l’entreposage de matière en vrac et de prendre toutes les mesures nécessaires pour préserver la santé des résidents.

Mise en garde

La pétition met en garde le Port contre d’éventuelles démarches légales afin d’arriver à leur fin. «S’il ne se produit aucun résultat significatif, nous envisageons, avec l’aide d’avocats spécialisés, d’intenter une poursuite en recours collectif pour dommages causés aux propriétaires, aux véhicules et par-dessus tout, aux citoyens affectés», relate le document.

Malgré cette menace, les dirigeants du Port de Québec n’auraient pas répondu aux demandes des citoyens.

«Ce que l’on déplore, c’est qu’ils ne sont pas transparents. Depuis la rencontre d’octobre qui a suivi la pétition, nous n’avons pas eu de nouvelle du Port malgré nos demandes. Ils sont très fermés et c’est ce qui me révolte», a laissé tomber Raymond Goulet.

Acheter du temps

Il estime que les gouvernements, le Port et Arrimage Québec achètent du temps pendant que la santé de la population est en jeu. «On dirait que la santé n’a pas d’importance pour l’instant. Ils doivent défendre leur argent. L’important pour eux, c’est l’aspect monétaire», a conclu M. Goulet.

— Nicolas Lachance | Le Journal de Québec

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