Les effets sur la santé sont réels | Québec Hebdo.

Publié le 26 Avril 2013

Poussière de nickel : «les effets sur la santé sont réels»

Le directeur régional de santé publique, le docteur François Desbiens, confirme les effets de la poussière de nickel sur la santé.

Isabelle Le Maléfan

La Direction Régionale de santé publique (DRSP) vient d’émettre un avis préliminaire de santé publique sur la contamination atmosphérique dans l’arrondissement de la Cité-Limoilou. Elle estime que les effets sur la santé liés à la présence de nickel sont réels, et que des recommandations s’imposent pour minimiser les impacts sur la santé de la population visée. Cet avis était très attendu par les citoyens inquiets.

Dans l’avis rendu publique cet après-midi, on apprend que la concentration de poussière de nickel dans l’atmosphère de Limoilou est au-dessus des normes depuis 2001. Elle dépasse de 3 à 6 fois la norme du Règlement sur l’assainissement de l’atmosphère.

Le directeur régional de santé publique, le docteur François Desbiens, a confirmé les impacts du nickel sur la santé. Toutefois, les risques sur la santé dépendent de la durée d’exposition à la poussière de nickel. Cela peut provoquer des allergies comme la dermatite de contact. Entre 10 % et 20 % de la population est sensibilisée au nickel et pourrait présenter des réactions de type allergique lorsqu’exposée à ce métal. Quant aux personnes hypersensibles ou allergiques, la présence de nickel dans l’air ambiant pourrait les sensibiliser et ainsi augmenter le risque de développer d’autres allergies et de l’asthme. «Au niveau mesuré dans la Cité-Limoilou, le nickel a la propriété de créer des allergies», confirme-t-il.

Quant aux risques de cancer, le Dr Desbiens s’est voulu rassurant. C’est «très très faible. Le cancer se développe si les gens sont exposés toute leur vie. La norme qu’on a retenue est celle de l’Agence environnementale des États-Unis, qui est de 2 ng/m3. Elle est dépassée, facilement depuis plusieurs années, mais il aurait fallu que ce dépassement-là perdure pendant 70 ans.»

Huit recommandations

La DRSP a émis huit recommandations.

Tout d’abord aux générateurs de risques comme le port de Québec, il demande qu’il développe ou actualise son plan d’action visant à réduire la contamination par le nickel et les autres contaminants dans les quartiers affectés. «Il faut que les générateurs de poussières fassent en sorte qu’il y ait de moins en moins de poussière de nickel dans l’environnement. Il faut également qu’ils travaillent avec les populations riveraines de leurs opérations, touchées par la pollution atmosphérique», confie le Dr Desbiens. Il dit également que la pollution atmosphérique de Limoilou est due au transbordement de poussière de nickel au port de Québec, mais pas seulement. «Peut-être que l’incinérateur et d’autres fonderies pourraient être contributifs», ajoute-t-il.

Quant au ministère de l’Environnement, il avait mesuré, depuis 2001, un taux très élevé de pollution au nickel dans Limoilou. Le directeur régional de santé publique lui demande de s’assurer, pour une période de trois ans, d’obtenir des mesures sur les contaminants atmosphériques pour l’ensemble du territoire de la Cité-Limoilou et d’en saisir le directeur régional de santé publique rapidement.

Du côté de la Ville, la DRSP lui demande d’augmenter ses activités de verdissement (incluant le recouvrement des sols à nu) et de nettoyage dans l’arrondissement de La Cité-Limoilou. Elle recommande à la Ville de procéder à des activités de recouvrement du sol et au ministère des Transports de faire le nettoyage des rues qui sont sa propriété pour éviter que le sable, avec peut-être du nickel dedans, soit remis en suspension.

«Il va falloir qu’il arrête de se pogner le cul»

D’après Raymond Côté, député néo-démocrate de Beauport-Limoilou, «le ministre Lebel a raté un rendez-vous important en ne prenant pas en considération les inquiétudes légitimes de la population de Limoilou. Il va falloir qu’il arrête de se pogner le cul parce que c’est quand même la qualité de vie des gens qui est affectée. J’ai pas mal de colère accumulée. Quand le ministre des Transports, responsable des installations portuaires, raye les inquiétudes d’une population, en termes de responsabilité, ça fait dur. C’est anormal qu’Ottawa se contente d’être un spectateur silencieux et inactif», dit-il.

Des citoyens inquiets

Malgré l’avis émis par la DSRP, les citoyens semblent inquiets. «Je vais pouvoir être rassurée quand je vais pouvoir sortir de ma maison, mettre mon bébé dans sa poussette sans la nettoyer au complet, explique Véronique Lalande, qui a été la première a tiré la sonnette d’alarme l’automne dernier. La santé publique a parlé de cancer, mais comme citoyen, on lui avait dit lors de notre dernière rencontre, c’est ce qui nous préoccupe le moins. On est extrêmement préoccupé par les risques sur la santé au quotidien. Et ça, on en a très peu parlé à part des dermatites, rhinites et problèmes d’asthme.

Véronique a, de nouveau, réclamé une réunion entre les citoyens et le directeur régional de santé publique. Organisée par Initiative citoyenne de vigilance du Port de Québec, une rencontre publique d’information sur les impacts des activités au Port de Québec aura lieu ce dimanche 28 avril, de 10 h à 11 h 30, au Centre communautaire Jean-Guy Drolet, situé au 16 rue Royal-Roussillon à Québec.

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