Terminal de granules – Prince-Rupert a débattu avant Québec | Le Devoir.

16 novembre 2013, Isabelle Porter, Ville de Québec

Terminal de granules – Prince-Rupert a débattu avant Québec

Les silos de Prince-Rupert ne sont pas blancs, mais gris métallique, et on en prévoit six ou sept. Photo : Administration portuaire de Prince-Rupert

Il y a deux ans, la ville de Prince-Rupert, en Colombie-Britannique, a vécu un ardent débat sur l’implantation d’un terminal de granules de bois. Malgré l’opposition locale, l’administration du port est allée de l’avant et s’apprête à accueillir ses premiers bateaux.

Ken Shaw habite dans un quartier résidentiel juste derrière le terminal Westview. Après avoir milité activement contre le projet, il s’est résigné. Les silos doivent recueillir leurs premiers granules ce mois-ci.

Même si Québec et Prince-Rupert sont différentes à bien des égards, il croit que l’enjeu central dans le débat sur le terminal est le même : « la construction d’un terminal au mauvais endroit ».

Prince-Rupert est une petite ville portuaire située à l’extrême nord-ouest de la Colombie-Britannique, tout près de la frontière avec l’Alaska. Dans ses outils promotionnels, on la présente comme la porte d’entrée des marchés asiatiques. Elle compte environ 13 000 habitants.

En 2011, les opposants ont réclamé qu’on lance le projet ailleurs. « L’opposition ne portait pas sur le projet en lui-même, mais sur son emplacement, explique M. Shaw. Ça réindustrialise tout le front de mer de notre communauté alors que la tendance était plus à démarrer des projets loin du coeur de la ville. Ça nous a privés d’un accès public à une portion importante du bord de mer. »

Au Port de Prince-Rupert, on concède que l’emplacement posait problème. « Les terrains où le projet s’est implanté appartiennent au Port et au CN depuis des décennies. Mais étant donné que le quai et les installations n’étaient plus utilisés depuis longtemps, les gens en avaient profité et commençaient à se réapproprier le front de mer, explique le porte-parole Michael J. Gurney. Ils y promenaient leur chien, allaient courir, etc. Évidemment, avec la construction du terminal, ce n’est plus possible. »

Il n’était pas question pour le promoteur de déménager le projet. Les autres sites disponibles étaient jugés soient trop petits ou trop gros pour l’accueillir. Le Port a donc proposé d’améliorer l’accès à l’océan, mais à d’autres endroits dans la ville.

Piloté par la compagnie Pinnacle, le projet prévoit qu’on fasse venir des granules de bois par train, pour ensuite les transporter par bateau vers l’Europe. Son investissement est de 43 millions de dollars (contre 20 millions dans la capitale).

Les silos utilisés sont moins hauts (39 mètres de hauteur contre mètres), mais au lieu d’en installer deux, on parle d’en mettre six, voire sept, et ils ne seront pas blancs, mais gris métallique.

Selon M. Gurney, l’impact local est l’une des grandes forces de ce projet. Il souligne que « c’est une compagnie de la Colombie-Britannique qui exporte la ressource » et que les résidants ont « commencé à voir les bienfaits économiques non seulement pour la ville, mais pour la province ».

À Québec, les dirigeants d’Arrimage Québec plaidaient mercredi que le projet allait éventuellement permettre de relancer l’industrie forestière québécoise. Or pour l’instant, les granules de bois proviennent de l’Ontario.

Consultation publique

En 2012, le Port a tenu une consultation publique, comme l’exigeait alors la Loi canadienne sur l’évaluation environnementale. De l’aveu même de M. Gurney, le promoteur n’a pas fait de réelles « concessions ». L’objectif, explique-t-il, était plutôt de s’entendre sur des « mesures d’atténuation ».

Pourquoi y a-t-il eu consultation à Prince-Rupert et pas à Québec ? Parce que la Loi a changé l’été dernier quand le gouvernement fédéral a assoupli ses exigences en matière de consultations publiques. Si on le lançait aujourd’hui, le projet de Westview ne ferait plus l’objet d’une consultation à Prince-Rupert. À moins que le Port en prenne l’initiative.

Pour Michael Gurney, la consultation s’est toutefois révélée fort utile : « Ç’a donné à la population une sorte de connaissance des processus d’évaluation environnementale et de la possibilité de participer », dit-il. Le Port, ajoute-t-il, a d’autres projets d’agrandissement « beaucoup plus imposants », dont un terminal de gaz naturel liquéfié ailleurs dans la ville.

Poursuite-bâillon en vue ?

Vendredi, deux ministres péquistes se sont portés à la défense de la militante Véronique Lalande. La veille, la porte-parole du comité Vigilance Port de Québec avait reçu une mise en demeure de la compagnie Arrimage Québec pour un message publié sur le site de son partenaire d’affaires américain. « Nous dénonçons toute volonté d’entrave à la liberté d’expression », ont affirmé les ministres Agnès Maltais et Pierre-François Blanchet, qui ont aussi rappelé que le Parlement avait adopté une loi contre les poursuites-bâillons en 2009. De son côté, le Port a fait savoir en après-midi que le premier dôme du terminal serait érigé dans les heures qui allaient suivre.

via Terminal de granules – Prince-Rupert a débattu avant Québec | Le Devoir.

Les commentaires sont fermés.