Poussière de nickel dans Limoilou: Québec reste muet | Le Soleil.

Publié le 04 juin 2014 à 05h00 | Mis à jour à 05h00, Le Soleil.

Poussière de nickel dans Limoilou: Québec reste muet

Le nouveau ministre de l’Environnement, David Heurtel. PHOTOTHÈQUE LE SOLEIL

JEAN-FRANÇOIS CLICHE

(Québec) Le ministère de l’Environnement refuse de dévoiler des documents qui permettraient de confirmer la source de la poussière de nickel dans Limoilou et de savoir comment la pollution a évolué depuis que l’affaire a éclaté au grand jour, au printemps 2013.

Deux demandes d’accès à l’information déposées par Le Soleil dans ce dossier ont été rejetées au cours des dernières semaines. Peu de détails ont été dévoilés sur les motifs de refus et un message laissé mardi au cabinet du nouveau ministre de l’Environnement, David Heurtel, n’a pas eu de retour.

L’une des deux demandes concernait les données quotidiennes sur la qualité de l’air produites par la station d’échantillonnage Des Sables, dans Limoilou. L’Environnement a publié récemment une partie de ces données suggérant que la pollution au nickel est en baisse dans ce quartier – mais toujours au-dessus des normes. Ces chiffres étaient cependant des moyennes annuelles, sans plus de détail; il est donc impossible, à partir de ces moyennes, de savoir si le nickel mesuré vient d’un vieux «fond» accumulé ou si la source de la pollution est toujours active.

Or, par le passé, les concentrations de l’air limoulois en nickel ont connu régulièrement des pics brefs, mais très prononcés. En regardant des données quotidiennes, on aurait pu voir si de tels pics surviennent encore, et ainsi savoir si les mesures d’atténuation mises en place par la compagnie en cause dans cette affaire, Arrimage Québec, ont eu les résultats escomptés. Malheureusement, le ministère de l’Environnement (MDDELCC) refuse de divulguer les mesures prises à partir de mars 2013 – moment où Le Soleil avait dévoilé le problème.

L’article 28 de la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics est invoqué pour justifier le refus. Il s’agit d’un article assez vague énumérant des raisons variées pour lesquelles un document peut être gardé secret, par exemple pour éviter d’entraver une enquête en cours ou à venir, ne pas révéler l’identité d’une source, ne pas nuire à une «procédure devant une personne ou un organisme exerçant des fonctions juridictionnelles», ne pas favoriser l’évasion d’un détenu ou ne pas compromettre la sécurité d’une personne.

Ce même article 28 a aussi été invoqué pour garder caché le rapport d’une géochimiste de l’Université Laval commandé par le MDDELCC. La chercheuse, Josée Duchesne, y analysait la composition du minerai de nickel trouvé dans Limoilou avec un degré de détail suffisant pour (c’était du moins l’idée de départ) déterminer de quelle(s) mine(s) ledit minerai provenait. Arrimage Québec a toujours maintenu qu’elle n’était pas nécessairement la seule source de poussière de nickel, et ce document aurait pu tirer les choses au clair, mais l’Environnement en a décidé autrement.

via Poussière de nickel dans Limoilou: Québec reste muet | Jean-François Cliche | Environnement.

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