Le Port lève le voile sur son projet de terminaux de croisières | Le Soleil.

Publié le 27 avril 2015 à 11h12 | Mis à jour le 27 avril 2015 à 23h46

Le Port lève le voile sur son projet de terminaux de croisières

Les plans préparés par la firme ABCP, de l’architecte François Moreau, montrent un nouveau bâtiment très fenestré, avec toit végétalisé et terrasse. IMAGE FOURNIE PAR ABCP

ANNIE MORIN

Le Soleil

(Québec) Le Port de Québec veut investir 89,5 millions $ pour doubler la superficie du terminal de croisières Ross-Gaudreault, en réaménager les abords et se doter d’un second terminal, gonflable celui-là, qui serait érigé pour la belle saison au quai 30, près de la Bunge, dans le secteur de l’Estuaire.

Le président-directeur général de l’Administration portuaire de Québec (APQ), Mario Girard, a levé le voile, lundi matin, sur le projet qu’il mijote pour augmenter la capacité d’accueil des infrastructures mises à la disposition des navires de croisières et de leurs passagers.

En 2000, deux ans avant la construction du terminal de croisières actuel, Québec accueillait 55 000 passagers par année. En 2014, il y en a eu 180 000, soit une hausse de plus de 300 %. Pour 2025, l’objectif est porté à 400 000 passagers.

Selon M. Girard, il faut actuellement des «prouesses logistiques» impliquant «des dizaines et des dizaines de personnes» pour faire oublier les infrastructures déficientes du Port. La destination n’en souffre pas encore puisque Québec continue d’avoir la cote auprès des voyageurs de passage, mais le grand patron prévient que «l’insatisfaction est extrêmement dangereuse dans le domaine des croisières».

Il propose donc de doubler la superficie du terminal de croisières Ross-Gaudreault, qui compterait jusqu’à trois étages et serait divisé comme un aéroport, avec une section pour les départs et une autre pour les arrivées. Les plans préparés par la firme ABCP, de l’architecte François Moreau, montrent un nouveau bâtiment très fenestré avec des volumes variables, un toit partiellement végétalisé et une terrasse, près de laquelle serait délocalisé le restaurant Café du monde.

«On ne voulait pas monter trop haut. On est quand même dans un espace patrimonial», a mentionné lundi M. Girard.

S’ajoute une nouvelle passerelle aérienne conçue pour des bateaux plus gros. La promenade le long du fleuve Saint-Laurent est également repensée afin de séparer les cyclistes et les piétons et de faciliter l’embarquement et le débarquement des passagers des navires de croisières. Deux convoyeurs souterrains sont prévus pour les bagages.

«La sécurité sera grandement accrue», croit M. Girard, qui dit assister chaque année à des scènes d’embouteillage qui lui font craindre le pire.

Le Port veut également profiter de l’occasion pour combler l’entaille en forme de V entre les quais 21 et 22, une incongruité qui complique l’amarrage de navires de grande taille.

Le second terminal serait quant à lui construit au quai 30, près de la Bunge, dans le secteur de l’Estuaire. L’endroit n’a pas été choisi au hasard. La direction du Port veut continuer de dire aux touristes qu’ils débarqueront au pied du château Frontenac. «Quand vous êtes au quai 30, c’est une vue magnifique sur le château Frontenac, la rue des Remparts, etc. C’est une des plus belles vues de la ville de Québec», a témoigné lundi le pdg du Port.

L’APQ a décidé d’opter pour une structure temporaire puisqu’il n’y a pas de croisières à l’année, mais du transbordement de marchandises, oui. Le terrain ciblé, situé en bordure du bassin Louise, sert également de lieu d’entreposage pour les voiliers de la marina pendant l’hiver.

Le terminal mobile a une structure de toile blanche, mais ne ressemble en rien aux tentes de mariage habituelles. Sur les plans dévoilés lundi, on voit trois dômes reliés entre eux par des couloirs. On dirait une gigantesque chenille blanche. À l’intérieur, les services, espaces de restauration et toilettes seront installés dans des conteneurs. «C’est très moderne, très design» et facile à déplacer, fait remarquer M. Girard.

Dans son dernier budget, le gouvernement du Québec a promis 35 millions $ pour «l’amélioration de la capacité et l’efficacité des installations d’accueil des croisiéristes internationaux à Québec». Pour les 60 millions $ restants, le Port doit mettre la main dans sa poche et appelle ses «partenaires», le gouvernement fédéral et la Ville de Québec, à contribuer.

«Le projet avance tranquillement. On va vous donner des nouvelles dès qu’on aura des réponses, favorables on l’espère», a répondu le pdg aux journalistes, lundi. Selon Mario Girard, les travaux pourraient débuter dès que le financement sera rassemblé et être concentrés en une année. Une consultation publique doit être menée avant.

René Trépanier, directeur général des Croisières du Saint-Laurent, estime que le projet de Québec a une importance provinciale, voire nationale, puisque tous les ports environnants, d’aussi proche que Saguenay à aussi loin que Charlottetown, profitent de son attractivité et de sa popularité. «Québec est le port de marque pour développer la destination», dit-il.

La Ville d’accord

Le Port de Québec a la bénédiction de la Ville de Québec pour refaire le terminal de croisières et la promenade en bordure du fleuve à la Pointe-à-Carcy. «La Ville est d’accord avec le projet de l’administration portuaire», a laconiquement déclaré, lundi, Paul-Christian Nolin, l’attaché de presse du maire Régis Labeaume. Impossible de savoir si l’appareil municipal entend étudier en détail et approuver officiellement les plans de cette transformation qui doit s’opérer au coeur du Vieux-Québec. Lors de l’inauguration du terminal de granules de bois d’Arrimage Québec, en septembre, le maire Labeaume a promis d’appuyer les projets de l’Administration portuaire de Québec. «Nous combattrons tout effort de diminuer la valeur du Port et de contrecarrer ses efforts de développement», a-t-il prévenu. Avant la construction du premier terminal de croisières, au début des années 2000, le maire de l’époque, Jean-Paul L’Allier, s’était opposé à une nouvelle construction dans le Vieux-Port et proposait plutôt de faire descendre les croisiéristes à l’anse au Foulon. Après plusieurs mois de guerre médiatique et une consultation publique, le grand patron du Port, Ross Gaudreault, a concrétisé son plan de départ.

Le Café du Monde tient à son «site magique»

Le président-directeur général du groupe Restos Plaisirs, Pierre Moreau, espère que le Café du Monde pourra demeurer dans le terminal de croisières rénové à la Pointe-à-Carcy. «Ce site sur le bord du fleuve, c’est un site qu’on considère magique», a-t-il résumé lundi. «Comme homme d’affaires et comme locataire, je suis emballé de voir qu’il y a des projets de développement au port», a-t-il ajouté. Maintenant, M. Moreau attend de voir si l’agrandissement se concrétisera et comment. Il faudrait notamment renégocier les conditions du bail commercial qui lie son entreprise au Port de Québec, mais aussi prévoir le déménagement de façon à réduire au minimum les arrêts de service.  

via Le Port lève le voile sur son projet de terminaux de croisières | Annie Morin | Transports.

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