Question politiquement vive | Le Soleil.

Publié le 26 mai 2015 à 05h30 | Mis à jour à 05h30 | Le Soleil.

Question politiquement vive

Une vue du port de Québec. PHOTOTHÈQUE LE SOLEIL, ERICK LABBÉ

Entre le jeudi 14 mai et le samedi 16 mai, les lecteurs des journaux Le Devoir et Le Soleil ont pu être témoins d’interactions épineuses entre David Heurtel, ministre du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, et Mario Girard, président-directeur général du Port de Québec, au sujet du projet d’agrandissement du port. Plus particulièrement, les échanges concernaient la nécessité de soumettre ce projet à un examen des répercussions environnementales conduit par le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE).

En somme, pour l’Administration portuaire de Québec (APQ), le gouvernement du Québec n’a pas à se mêler du processus d’évaluation des effets environnementaux qu’il compte mettre de l’avant puisque le Port est sous juridiction fédérale. Pour le premier ministre Couillard et pour le ministre Heurtel, les lois québécoises s’appliquent partout en sol québécois et il est impératif que le BAPE, organisme chargé de s’assurer que les normes environnementales qui sont prévues dans la Loi sur la qualité de l’environnement (LQE) du Québec soient appliquées. Le ministre Heurtel souhaite que le BAPE scrute les effets de l’expansion éventuelle sur la qualité de l’air, s’intéresse à la nature des substances qui transiteraient par les nouveaux quais et s’attarde aux effets des activités portuaires sur l’écosystème marin.

Nous trouvons irrévérencieuse la façon dont le Port de Québec se comporte parce qu’il refuse de faire une place réelle aux citoyens désireux de trouver une solution aux poussières métalliques, de prendre ses responsabilités en dotant le port d’installations de transbordement fermées adéquates et, enfin, de se soumettre aux lois provinciales conçues pour protéger les citoyens en matière d’environnement. Car, comme tous et toutes le savent, la population des quartiers centraux de la Ville de Québec, qui compte près de 100 000 personnes, est encore régulièrement soumise aux poussières métalliques et toxiques provenant des installations portuaires.

À la lumière de ce qui précède, nous sommes d’avis qu’avant de procéder à quelque agrandissement que ce soit, le Port doit avoir mis fin au problème de pollution métallique causée par ses pratiques industrielles de transbordement de minerais. Et c’est avec toute la force citoyenne qu’il nous est possible de déployer que nous appuyons la position défendue par le ministre Heurtel dans ce bras de fer qui l’oppose au Port de Québec. Nous exigeons que le projet d’agrandissement du Port de Québec soit soumis au processus d’évaluation environnementale du BAPE. Quand le pdg du Port mentionne qu’il compte respecter «les lois qui s’appliquent ici», il évoque subtilement la législation fédérale pour se soustraire de celle du Québec qui est plus restrictive.

Telle est notre position citoyenne à l’égard de cette question politiquement vive.

Chantal Pouliot, professeur, Université Laval

Michel Carignan

et les 38 cosignataires : Isabelle Arseneau, Simon B. Lavallée, Nathalie Breton, Annick Bergeron, Louis Bernatchez, Jean-Raphaël Carrier, Alain Côté, Frédérique Dessureault Aubry, Mireille Djidjou Kenmegne, Nicole Daigle, Alexandre Dal-Pan, Louis Duchesne, Nicolas Faucher, Jean-Christophe Fortin, Nancy Gaudreau, Audrey Groleau, Stéphane Guay, Cynthia Isabelle, Maxine Lacelle, Marcel Lafleur, Alexandre Lafrenière, Véronique Lalande, Capucine Ledoux, Maude Loubier, Émilie Larouche, Alain Mainguy, Jean-François Maltais, Émilie Morin, Romain Martiny, Marc-André Pellerin, Patrick Plante, Catherine Rhéaume, Vincent Richard, Stéphanie Roux, Tommy Seaborn, Jérôme St-Cyr, Cyril Todeschini et Suzanne Tremblay

via Question politiquement vive | Carrefour.

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