Poussière rouge dans Limoilou : Contaminants «préoccupants» identifiés | JDQ.

Mardi, 21 juillet 2015 02:00 | MISE à JOUR Mardi, 21 juillet 2015 05:26 | JDQ.

Poussière rouge dans Limoilou : Contaminants «préoccupants» identifiés

Depuis 2012, plusieurs mesures de mitigation à la source, au port de Québec, ont fait chuter les concentrations de nickel dans l’air ambiant de Limoilou. PHOTO D’ARCHIVES, COURTOISIE

JEAN-LUC LAVALLÉE

Ce n’est pas le nickel qui inquiète la Santé publique dans Limoilou, mais la présence d’autres polluants dans l’air, a appris Le Journal, qui a obtenu un rapport secret révélant un «risque négligeable» de cancer lié à la poussière rouge.

Le nouvel avis du directeur de santé publique (DSP) de la Capitale-Nationale est clairement à l’avantage du Port de Québec et d’Arrimage Québec. Sa diffusion a été retardée par le ministère de l’Environnement qui est insatisfait des conclusions selon nos sources. Une deuxième mouture de ce rapport devrait être diffusée au mois d’août.

De nouvelles stations d’échantillonnage et des canons à eau, notamment, sont utilisés au quotidien afin d’éviter des épisodes de poussière rouge.

Même si les concentrations de nickel ont dépassé la nouvelle norme sévère du ministère de l’Environnement (14 nanogrammes de particules par mètre cube d’air mesurable sur une période de 24 heures) à plusieurs reprises dans la dernière année, celles-ci ne présentent au bout du compte que très peu de risques pour la santé de la population du quartier, conclut-on.

La santé publique reconnaît que le nickel dans l’air ambiant peut présenter un risque de pathologies allergiques, particulièrement chez les «personnes sensibilisées». Toutefois, elle juge «acceptable» le risque de maladies chroniques non cancérigènes (asthme, bronchite, etc.) et elle juge «négligeable» le risque de cancer.

Pas un seul cas de cancer

«Si toute la population de La Cité-Limoilou (106 905 personnes en 2011) était exposée 24 heures sur 24, pendant 70 ans, à la concentration moyenne de nickel dans l’air ambiant mesurée pendant l’année 2014, on pourrait y observer un excès de 0,4 cas de cancer lié à l’inhalation de nickel de manière chronique», peut-on lire dans le document de travail d’une trentaine de pages.

Le DSP met cependant des bémols sur l’évaluation des risques qui comporte «certaines limites» puisque la littérature scientifique sur la toxicité du nickel est peu abondante et s’inspire d’études réalisées sur des animaux ou des travailleurs exposés à de fortes doses, contrairement à la population de Limoilou exposée à de «faibles doses».

Autres polluants

«D’autres contaminants sont encore plus préoccupants pour la santé de la population de ce secteur. Ainsi, ce qui importe le plus d’un point de vue de santé publique, c’est la charge de poussières de toute nature», ajoute-t-on. Le rapport évoque les particules fines, les oxydes d’azote, le monoxyde de carbone, l’ozone et le dioxyde de soufre, sans toutefois chiffrer les concentrations de ces polluants.

Le DSP entend interpeller «tous les partenaires concernés» dans les prochains mois pour la réalisation d’une nouvelle étude afin de documenter adéquatement la «situation globale».

EXTRAIT DU RAPPORT

«Sans banaliser les efforts qui doivent être faits pour surveiller et diminuer les concentrations de nickel dans l’environnement, il faut convenir que le nickel ne constitue qu’un faible pourcentage des poussières et de la contamination environnementale dans l’arrondissement. Il faut donc concentrer les efforts à diminuer la pollution provenant de cette contamination environnementale prise dans son ensemble, en mobilisant tous les acteurs concernés.»

«La moyenne des valeurs obtenues pour l’année 2014 (155 échantillons pour le nickel) est de 0,016 µg/m3. Cette valeur est influencée à la hausse par 19 dépassements de la valeur toxicologique de référence (VTR) de 0,014 µg/m3.»

«La population de l’arrondissement La Cité-Limoilou a donc été exposée en 2014 à des concentrations de nickel dans l’air ambiant 1,14 fois plus élevées que les VTR retenues comme protectrices des effets néfastes de l’inhalation de nickel de manière continue et chronique sur la santé. Il est cependant utile de rappeler que la médiane des concentrations mesurées pendant l’année 2014 était inférieure à 0,003 µg/m3.»

«Ce sont les moyennes annuelles de la concentration de nickel ambiant plutôt que les dépassements quotidiens de la norme du RAA (Règlement sur l’assainissement de l’atmosphère) que le directeur de santé publique propose de surveiller au fil des ans.»

Source: Contamination environnementale dans l’arrondissement La Cité-Limoilou: la question du nickel (Avis complémentaire de santé publique).

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