Le projet d’agrandissement du port dénoncé par Nature Québec | Le Soleil.

Publié le 10 septembre 2015 à 05h00 | Mis à jour le 10 septembre 2015 à 08h40

Le projet d’agrandissement du port dénoncé par Nature Québec

La construction de silos très semblables à ceux érigés à l’anse au Foulon est prévue en bordure du fleuve du côté de Beauport, selon les plans d’agrandissement du port de Québec. PHOTOTHÈQUE LE SOLEIL, PASCAL RATTHÉ

ANNIE MORIN

(Québec) Le projet d’agrandissement du port de Québec prévoit la construction, en bordure du fleuve du côté de Beauport, de quatre immenses dômes de 48 mètres de large par 43 mètres de haut, très semblables aux silos de granules de bois érigés dans la controverse à l’anse au Foulon. Nature Québec dénonce les effets sur le paysage dans son mémoire déposé à l’Agence canadienne d’évaluation environnementale.

Ces quatre dômes, dont la hauteur est équivalente à un édifice d’une bonne douzaine d’étages, sont destinés à l’entreposage de vrac solide. Sept réservoirs de vrac liquide sont également projetés en arrière quai. Les plus imposants feraient 18 mètres de haut et jusqu’à 77 mètres de diamètre.

«Une véritable muraille de réservoirs bouchera la vue du fleuve dans le secteur de Beauport et l’accès aux paysages riverains pour les usagers du fleuve», qu’ils soient plaisanciers ou croisiéristes, déplore Nature Québec dans son mémoire, dont Le Soleil a obtenu copie.

En entrevue téléphonique, le directeur général du groupe environnemental, Christian Simard, parle d’un «mur opaque» qui couperait les citoyens «et les gens qui arrivent à Québec» du bien-aimé fleuve Saint-Laurent. Il s’inquiète aussi pour l’ensoleillement de la plage de la baie de Beauport, qui serait désormais confinée derrière le nouveau quai de 610 mètres.

M. Simard accuse l’Administration portuaire de Québec (APQ) d’avoir camouflé ses intentions dans son document d’information sur la construction d’un quai multifonctionnel en eau profonde, publié sur son site Internet au début de septembre. «C’est le coup des granules! Dans le document, on n’indique que la largeur, pas la hauteur [des dômes]. Il faut vraiment agrandir le zoom pour voir les 43,3 mètres», soupire-t-il.

Selon lui, cette omission mine la crédibilité du promoteur. Tout comme le fait qu’il assimile le paysage de la baie de Beauport à «des espaces gazonnés avec quelques bosquets d’arbustes et d’arbres», sans référence au fleuve et à l’île d’Orléans toute proche. «Ça en dit beaucoup sur une certaine attitude du Port», laisse tomber le dg de Nature Québec.

Dans son mémoire, l’organisme revient aussi sur les compétences du Québec en matière d’évaluation environnementale. «Nature Québec n’accepte pas que l’évaluation de ce projet, dont les impacts directs toucheront et excéderont le territoire du Port, soit faite indépendamment de la procédure québécoise d’évaluation environnementale et d’examen des impacts», peut-on lire.

Commission d’examen conjointe

Les auteurs demandent à l’ACEE de constituer une commission d’examen conjointe, comme le veut l’Entente Canada-Québec en matière d’évaluation environnementale. Ce à quoi l’organisme fédéral se refuse, car il affirme que «la procédure provinciale d’évaluation ne s’applique pas aux projets mis de l’avant par les administrations portuaires canadiennes», à plus forte raison quand le développement est projeté sur un territoire entièrement domanial.

M. Simard rejette cette justification, qui n’est inscrite nulle part dans la Loi canadienne sur l’évaluation environnementale, et demande le respect du débat porté devant les tribunaux. Dans un litige qui date de plusieurs années déjà, le Port de Québec et son locataire IMTT refusent l’application de la Loi sur la qualité de l’environnement en territoire portuaire fédéral tandis que Québec défend son droit d’intervenir.

Nature Québec étudie d’ailleurs la possibilité d’intenter, seule ou avec d’autres, un recours juridique pour s’assurer que le Québec exerce ses compétences en environnement dans le dossier de l’agrandissement du port de Québec.

Source : Le projet d’agrandissement du port dénoncé par Nature Québec | Annie Morin | Transports

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