Construction de dômes à la Baie de Beauport: «100 % hypothétique», jure le pdg du Port | Le Soleil.

Publié le 11 septembre 2015 à 05h00 | Mis à jour le 11 septembre 2015 à 05h00 | Le Soleil.

Construction de dômes à la Baie de Beauport: «100 % hypothétique», jure le pdg du Port

Le président-directeur général du Port de Québec, Mario Girard, a tenu à préciser que les plans prévoyant l’installation de quatre dômes à la Baie de Beauport étaient loin d’être définitifs. PHOTOTHÈQUE LE SOLEIL, PATRICE LAROCHE

(Québec) 11

Le Soleil révélait jeudi que le plan d’aménagement de l’arrière quai présenté dans un document d’information de l’Administration portuaire de Québec inclut quatre immenses dômes, comparables aux silos de granules de l’anse au Foulon, ainsi que sept réservoirs.

Nature Québec a déploré les effets sur le paysage dans son mémoire à l’Agence canadienne d’évaluation environnementale, qui étudiera les effets sur l’environnement du projet d’agrandissement.

Tout cela a rendu M. Girard furieux. Selon lui, le plan préparé par son organisation est «100% hypothétique». «C’était pour démontrer qu’on allait mettre ça [les marchandises] sous couvert», a-t-il affirmé lors d’un entretien téléphonique avec Le Soleil. «C’est sûr que pour couvrir quelque chose, ça prend des entrepôts ou des dômes ou des réservoirs», a-t-il insisté.

En page 17 du document publié sur le Web, on peut effectivement lire que le scénario est «hypothétique», mais il est aussi qualifié de «réaliste». Le projet Beauport 2020 est présenté comme «une continuité des activités qui s’effectuent déjà dans le secteur existant qui manutentionne plus d’une trentaine de produits différents sous forme liquide, solide ou conteneurisée». La largeur et le volume des dômes et des réservoirs sont précisés, mais la hauteur est inscrite seulement dans un plan qui situe les aménagements, lequel inclut aussi un prolongement de la voie ferrée et l’entreposage de conteneurs.

M. Girard répète que «tout est hypothétique» malgré ce niveau de détail. Il assure que chaque projet commercial concret sera soumis ultérieurement au nouveau processus environnemental de participation citoyenne (PEPC) développé par le Port, qui implique une consultation publique en bonne et due forme.

«Pour toutes les infrastructures qui seront requises selon les ententes commerciales qui seront négociées, avant de signer, on va dire à celui avec qui on discute qu’il y a un processus PEPC chez nous qui est incontournable. Et si on n’arrive pas avec une solution qui est acceptable pour toutes les parties prenantes, il n’y aura pas de projet», fait-il valoir.

Cette façon de faire est unique au Canada, mentionne le pdg, qui ne voit pas comment il pourrait consulter davantage. «On alourdit un processus de façon volontaire pour que les citoyens soient rassurés dans le cadre des projets qu’on va faire au port.»

Évaluation plus longue

M. Girard ne souhaite pas vraiment commenter la possibilité que le fédéral envoie le projet d’agrandissement à une commission d’examen formée d’experts indépendants. Quelques intervenants en ont fait la demande dans leur mémoire à l’ACEE, qui consultait dans un premier temps sur les lignes directrices de l’étude d’impact environnemental à venir. Si le ministre fédéral de l’Environnement se rendait à leurs arguments, le temps requis pour faire l’évaluation environnementale doublerait d’un coup. On parle de deux années au lieu d’une.

«On a soumis le projet sur une base volontaire à l’Agence et on va vivre avec les résultats de ça», répond le grand patron du Port, admettant tout de même qu’il préférerait la version courte.

Labeaume veut que le transbordement soit fait sous couvert

Le maire Régis Labeaume a fait remarquer jeudi qu’il y avait un prix à l’entreposage sous couvert des marchandises transbordées au port de Québec.

«On veut que tout le transbordement se fasse sous couvert. S’il est sous couvert, on dit qu’on ne veut pas de bâtiment. Ben là, il va falloir se faire une idée à un moment donné. On veut-tu que ça soit oui ou non sous couvert?» a demandé M. Labeaume, invité à donner son opinion sur la construction potentielle de dômes le long du quai projeté dans Beauport.

Lui-même a fait son lit : «Tout doit être sous couvert, c’est mon principe à moi.» Le maire a par ailleurs affiché sa confiance dans l’Agence canadienne d’évaluation environnementale. «On peut-tu laisser au processus une chance de faire ses preuves? On dirait que tout le monde tout à coup veut faire sa petite parade», a-t-il décrié.

Le maire promet toujours la tenue d’un comité plénier, où les autorités portuaires viendront répondre aux questions des élus, mais il attend le calendrier de l’agence fédérale avant de le programmer.

Guérette souhaite plus de consultations

Appelée à commenter les révélations du Soleil de jeudi la conseillère de l’opposition Anne Guérette a souhaité que Québec ne revive pas une arrivée surprise comme celle des silos de granules de bois. «On espère qu’il ne se reproduira pas la même chose qu’on a vécue de l’autre côté du fleuve, que les silos vont apparaître comme ça, sans que les citoyens soient consultés», a dit la conseillère du district Cap-aux-Diamants.

«D’ailleurs, même le maire avait dit : « On l’a échappée, celle-là. » Alors, espérons que dans ce cas-ci, il s’assurera que le milieu soit consulté, advenant que ça se concrétise parce qu’on ne connaît pas encore les détails du projet.» Annie Morin, Patricia Cloutier et Valérie Gaudreau

Source : Construction de dômes à la Baie de Beauport: «100 % hypothétique», jure le pdg du Port | Annie Morin | La capitale

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