Le gouvernement pouvait savoir | Journal de Québec.

PUBLIÉ LE: MARDI 02 AVRIL 2013, 22H36

JOURNAL DE QUÉBEC,

Présence de nickel à Limoilou : Le gouvernement pouvait savoir

RÉGYS CARON @

Le ministère de l’Environnement du Québec dispose des données qui lui permettaient de savoir que les émissions de nickel dans l’air de Limoilou dépassent la norme depuis une quinzaine d’années.

Véronique Lalande et son conjoint, Louis Duchesne, étaient estomaqués en lisant Le Journal de Québec vendredi. En page 5, le ministre de l’Environnement, Yves-François Blanchet, démentait une nouvelle parue la veille révélant qu’Environnement Québec et Environnement Canada recueillaient des données sur la pollution au nickel dans Limoilou depuis plus de 20 ans.

«Il n’y avait pas de captation ni de mesure des émissions de nickel avant 2010», soutenait M. Blanchet. Pourtant, le 15 février 2013, Véronique Lalande obtenait du ministère de l’Environnement du Québec les «données de concentration de polluants et de métaux mesurés dans les stations de la région de la Capitale-Nationale jusqu’au 31 décembre 2012». Les données contenues sur un disque compact ont notamment été recueillies à la station de captage DesSables, située dans Limoilou et inaugurée en novembre 1994.

Mme Lalande et M. Duchesne, spécialiste en analyse de données environnementales, ont fait l’analyse des données recueillies et produit un rapport qu’ils ont remis au ministère de l’Environnement. «Les résultats indiquent que la contamination de l’atmosphère par le nickel est une problématique qui perdure depuis plus d’une dizaine d’années. Les concentrations observées au cours de la période 2005-2009 sont 2,2 fois plus importantes que (celles) observées en 1995-1999», écrivent-ils.

Explosion

Les émissions de poussières de nickel dans l’air ont «explosé» à Québec vers la fin des années 90, affirme Véronique Lalande. De 10 nanogrammes (ng) par mètre cube (m3) qu’elles étaient en 1995, elles avaient bondi à plus de 22 ng/m3 en 2009, révèle le rapport. La norme environnementale est de 12 ng/m3. Les données recueillies à deux stations de captage temporaires installées dans Limoilou entre 2010 et 2012 révèlent des concentrations de nickel encore plus importantes, allant jusqu’à 52 ng/m3.

Le ministère de l’Environnement reconnaît l’existence des données recueillies depuis 1994, mais soutient qu’il ne pouvait utiliser que celles recueillies entre 2010 et 2012. «Ces données-là étaient complètement différentes de ce qu’on avait avant (2010) et elles nous ont donné un éclairage sur les métaux», plaide une porte-parole, Sophie Roy.

Petites particules

Les données recueillies à la station DesSables ne mesuraient que les plus petites particules (inférieures à 10 micromètres) qui représentaient 40 % des particules totales de nickel. La norme de 12 ng/m3 est déterminée à partir des particules totales, convient Véronique Lalande.

«Si les particules de moins de 10 micromètres dépassaient la norme, obligatoirement les particules totales vont dépasser la norme (…) Si on n’a pas regardé ces données avant, c’est parce qu’on ne s’en préoccupait pas. Qu’on ne vienne pas me dire qu’il n’y avait pas de données», s’insurge Mme Lalande.

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