La Ville de Québec a déjà dit non au développement industriel de l’anse au Foulon | Le Soleil.

Publié le 08 novembre 2013 à 05h00 | Mis à jour le 08 novembre 2013 à 07h43, Le Soleil.

La Ville de Québec a déjà dit non au développement industriel de l’anse au Foulon

La construction d’un terminal de granules de bois de la compagnie Lauralco est actuellement en cours à l’anse au Foulon. LE SOLEIL, JEAN-MARIE VILLENEUVE

ANNIE MORIN

(Québec) Ce n’est pas la première fois que le Port de Québec tente un développement industriel à l’anse au Foulon. En 1990, Lauralco voulait y construire un terminal de transbordement pour approvisionner son aluminerie de Deschambault. La Ville de Québec a dit non. Serge Viau, directeur général sous Jean-Paul L’Allier, croit qu’il faut encore dire non, cette fois au terminal de granules de bois en construction dans le même secteur.

«C’est tout à fait contraire à l’esprit du lieu», a martelé jeudi l’ancien haut fonctionnaire, lors d’un entretien téléphonique au Soleil.

M. Viau a rappelé qu’en 1990, le maire Jean-Paul L’Allier s’est opposé vivement à Ross Gaudreault, alors président-directeur général du Port, et à la «destruction du paysage du Cap Diamant» par de gigantesques silos et un système de convoyeurs sous couvert.

L’heure était plutôt à se débarrasser des vieux réservoirs pétroliers en bordure de la falaise et à planifier le réaménagement des rives du fleuve Saint-Laurent pour les rendre accessibles aux citoyens. La promenade Samuel-De Champlain a suivi.

Dans une lettre au courrier des lecteurs, M. Viau critique la position de la mairie actuelle face à l’érection de deux immenses silos pour stocker des granules de bois en bordure du boulevard Champlain. «On se serait attendu à ce que le maire de Québec [Régis Labeaume] prenne une position aussi ferme contre ce projet aberrant. Au contraire, elle est particulièrement molle, accusant plutôt Arrimage Québec que l’administration du port, alors que c’est cette dernière qu’il faut blâmer pour la mauvaise planification de ses installations, s’il y en a une», écrit-il.

Vers la baie de Beauport

L’urbaniste estime que les activités portuaires pouvant générer bruit et poussière et nécessitant des équipements lourds devraient être concentrées à la baie de Beauport. Opinion partagée par le directeur général du Conseil régional de l’environnement de la capitale nationale, Alexandre Turgeon.

Une étude indépendante commandée par le Port de Québec en 1990 avait d’ailleurs conclu que le quai 51, dans Beauport, serait un meilleur choix que l’anse au Foulon pour le terminal de Lauralco. Cela pour éviter que les silos ne bloquent la vue, profiter de la zone tampon créée naturellement par les battures et éviter le dragage du fond du fleuve.

Michel Lessard, vice-président du Groupe d’initiatives et de recherches appliquées au milieu, se rappelle lui aussi avoir milité contre le projet de Lauralco. Il dénonce avec la même vigueur le terminal de granules de bois approuvé par le Port. «Ça n’apporte absolument rien à Québec sur le plan économique et du développement durable» et ça détruit «l’entrée royale» de la capitale, fait-il remarquer.

Anick Métivier, porte-parole de l’Administration portuaire de Québec, a répété jeudi qu’il n’y avait pas assez d’espace dans le secteur Beauport pour y installer le terminal de granules de bois et qu’il y avait déjà de la congestion aux quais. Impossible, selon lui, d’y ajouter même un navire par mois.

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>> En bref

Québec, une escale pour les granules

Les granules de bois que l’entreprise américaine Rentech veut expédier à Drax Power, au Royaume-Uni, ne feront que passer à Québec. Produites à partir d’arbres à faible valeur commerciale et de résidus forestiers, les granules voyageront par train du nord de l’Ontario vers le port de Québec. Puis elles repartiront en bateau pour le Royaume-Uni, où la compagnie Drax Power les utilisera à la place du charbon pour produire de l’électricité.

Si le taux de conversion énergétique des granules en énergie avoisine les 90 % quand on les jette dans un poêle à bois, il est moitié moindre quand elles sont transformées en électricité. Nature Québec craint que les installations projetées à l’anse au Foulon n’incitent les producteurs québécois à délaisser le marché local pour l’exportation.

Injonction réclamée

Le Conseil régional de l’environnement demande au gouvernement du Québec de référer aux tribunaux pour faire cesser le chantier de l’anse au Foulon. Une lettre a été envoyée au ministre de l’Environnement, Yves-François Blanchet (photo), pour qu’il demande une injonction. Ce dernier fera connaître sa réaction dans la journée, a fait savoir son cabinet jeudi soir. «Je ne peux pas croire que la même entreprise et la même administration va faire un refelemele, on ne parle pas au monde, on va de l’avant. Partout où nous aurons juridiction, nous veillerons au respect de notre juridiction et on verra à rappeler à ces institutions que les gens de Québec ont le droit d’être consultés, d’être respectés, d’avoir une certaine protection de leur qualité de vie», a fait valoir le ministre en matinée.

«Le Port ne peut pas faire une telle intervention sur les rives du fleuve sans consulter plus sérieusement la population», a ajouté sa collègue Agnès Maltais, ministre responsable de la Capitale-Nationale.

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