Nouvelles normes sur le nickel: la Santé publique avait des réserves | Le Soleil.

Publié le 26 août 2014 à 05h00 | Mis à jour à 05h00

Nouvelles normes sur le nickel: la Santé publique avait des réserves

Minerai de nickel. PHOTOTHÈQUE LE SOLEIL

 

JEAN-FRANÇOIS CLICHE

Le Soleil

(Québec) La direction régionale de la santé publique de Québec (DRSP-CN) avait de sérieuses réserves au sujet des nouvelles normes sur les poussières de nickel que l’Environnement a adoptées l’an dernier. D’après un document de la DRSP dont Le Soleil a obtenu copie, la santé publique semblait les juger inutilement sévères et proposait même une norme quatre fois plus élevée, mais les nouveaux seuils ont été adoptés tels quels malgré tout.

Dans la foulée des épisodes de poussières rouges et de contamination au nickel dans Limoilou, le provincial a modifié l’an dernier ses critères pour la qualité de l’air. Les précédents, qui ne dataient pourtant que de 2011, établissaient à 12 nanogrammes par mètre cube (ng/m3) la quantité maximale de nickel que l’air ambiant devait contenir. Il s’agissait là d’une moyenne sur un an, ce qui impliquait que les concentrations pouvaient dépasser ce seuil brièvement sans que cela pose problème.

Cependant, depuis décembre dernier, le seuil a été replacé à 14 ng/m3, mais pour une période de 24 heures, et non plus d’une année – ce qui «interdit» en quelque sorte les dépassements ponctuels. Cela rend la norme québécoise nettement plus sévère que celles de nos voisins où le maximum tourne plutôt autour de 20 ng/m3 sur une année.

Or il semble que ce nouveau seuil est si strict que même la Santé publique régionale l’ait jugé trop bas. Dans un document PowerPoint datant d’octobre 2013, la DRSP de Québec critique la nouvelle norme (entrée en vigueur en décembre), soulignant qu’elle est si faible qu’elle engendrera des «dépassements fréquents [… qui] susciteront des préoccupations chez la population».

En outre, note encore le document, «la norme journalière proposée pour le nickel ne tient pas compte des valeurs de référence disponibles pour une exposition à court terme». La Santé publique proposait plutôt de relever à 60 ng/m3 le seuil d’exposition maximal sur 24 heures, soit quatre fois plus que la nouvelle norme. La DRSP-CN suggérait aussi de conserver le seuil de 12 ng/m3 sur un an.

«Sans concertation»

La DRSP soulignait également que le ministère du Développement durable (MDDLCC) semblait avoir fait cavalier seul dans ce dossier, notant qu’il avait décidé de ses nouvelles normes «sans concertation ni consultation avec la DRSP-CN».

À la DRSP, on confirme que le document émane de la Santé publique, mais selon sa porte-parole Marianne Potvin, le message que la direction régionale voulait passer est que «ce n’est pas parce que la norme est dépassée qu’il y a danger».

À l’heure d’écrire ces lignes, le MDDLCC n’avait pas retourné nos demandes d’information.

via Nouvelles normes sur le nickel: la Santé publique avait des réserves | Jean-François Cliche | Santé.

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