Silos de granules: Labeaume fait son mea culpa | Le Soleil.

Publié le 22 septembre 2014 à 14h37 | Mis à jour le 22 septembre 2014 à 18h07

Silos de granules: Labeaume fait son mea culpa

Au sommet des silos, les granules sont dirigées vers le dôme de droite ou de gauche selon le plan d’entreposage. PHOTOTHÈQUE LE SOLEIL, PATRICE LAROCHE

STÉPHANIE MARTIN

Le Soleil

(Québec) La maire Régis Labeaume fait son mea-culpa envers le Port de Québec, après l’épisode des silos, où il avait été le premier à dénoncer les imposantes structures qui ont changé le paysage de Québec. Il admet maintenant son «erreur» et a promis publiquement lundi son appui indéfectible au Port dans tous ses projets d’expansion.

Régis Labeaume n’avait pas été tendre envers le Port de Québec quand, en novembre 2013, le premier silo de granules de 45 mètres de hauteur avait été érigé. «Surpris» et «totalement contre», il avait qualifié le concept de «fatiguant» notamment en raison de «l’immensité» des silos. Et ce, même s’il avait vu les plans précédemment. «J’en ai échappé une», avait-il admis. Il avait également lancé une pointe au propriétaire des silos, Arrimage Québec, qu’il avait invité à «arriver dans le XXIe siècle».

Or, cette époque est révolue. Lundi, lors de l’inauguration du terminal de granules de bois d’Arrimage Québec, le premier magistrat a publiquement fait amende honorable et a même offert son appui inconditionnel au pdg du Port, Mario Girard, qui est aussi son ami, pour tous ses projets d’expansion futurs. «Nous combattrons tout effort de diminuer la valeur du Port et de contrecarrer ses efforts de développement. Nous croyons sincèrement à l’avenir de l’industrie maritime à Québec. Le maire de la ville et toute la ville de Québec sera derrière vous, comptez sur nous», a-t-il lancé dans son discours devant un parterre de dignitaires et devant les représentants de Rentech, l’entreprise qui fera le commerce des granules de bois entreposés et transbordés au port de Québec.

M. Labeaume n’a plus de doutes que les activités portuaires peuvent se marier harmonieusement au développement d’une ville patrimoniale. «Il faut avoir voyagé en Europe pour voir comment les villes patrimoniales ont une industrie maritime intense et que la cohabitation est possible et que tout le monde se respecte.»

Arrimage Québec a prouvé, dit-il, au cours des derniers mois, que ses méthodes étaient «impeccables». «C’est state of the art. Aucune émanation. Et c’est ce qu’on attend du port et de toutes les entreprises qui sont là.»

«On a tous fait des erreurs dans ce dossier-là. Des erreurs d’information par rapport à la compagnie, des erreurs par rapport à des réactions un peu trop fortes. La compagnie, le Port et nous autres, on a appris de nos erreurs là-dedans. L’important, c’est que le résultat soit le mieux qu’on peut espérer.»

Ce discours survient au moment où des tractations s’effectuent avec Ottawa pour l’obtention de subventions dans le cadre du nouveau Fonds Chantier Canada. Le maire sent que le moment est bien choisi, «stratégique» même, pour appuyer publiquement le Port.

Celui-ci a des projets qui s’élèvent au total à plusieurs centaines de millions de dollars et qui seront échelonnés dans le temps, confirme le président-directeur général de l’administration portuaire, Mario Girard. Un coup de pouce fédéral serait donc grandement apprécié.

«La ministre [canadienne des Transports Lisa] Raitt est venue me voir la semaine dernière et j’ai été très, très clair, quasiment catégorique : « Comptez sur nous pour appuyer le Port si tant est que le gouvernement fédéral veut poser des gestes importants envers le Port ». Je voulais qu’elle le sache, c’est important pour le Port et pour la Ville de Québec», a révélé Régis Labeaume.

Pour le maire, la population et les intervenants du milieu culturel ont accepté le projet. Mario Girard, lors de son discours, a quant à lui rapporté des commentaires évoquant le caractère «visuellement intéressant et même joli» des silos. Quoi qu’il en soit, M. Labeaume a souligné que la Ville va continuer de «protéger au maximum notre patrimoine et nos citoyens».

Une déclaration qui rassure un peu le président du conseil de quartier Vieux-Québec-Cap-Blanc, Alain Samson. Dans le contexte, il craint tout de même que cette prise de position de Régis Labeaume ouvre la porte à d’autres développements difficiles à avaler pour les citoyens du secteur, comme un troisième silo. «On trouve étonnant un tel rebondissement dans le dossier. On peut comprendre la volonté du maire d’appuyer le développement économique de Québec, notamment par le biais du Port. Mais ceci étant dit, ça doit se faire dans le respect des différentes normes environnementales et des dispositions relatives à la sécurité publique.»

Cela étant dit, M. Samson salue les efforts du Port pour consulter davantage la population. Il faudra voir si les nouvelles bonnes habitudes perdureront, dit-il.

Pas de granules québécoises dans les silos

Même si lundi le directeur général d’Arrimage Québec, Jean-François Dupuis, et le ministre délégué aux Transports et à l’Implantation de la stratégie maritime, Jean D’amour, vantaient les mérites du nouveau terminal de granules de bois pour assurer le développement de l’industrie forestière québécoise, les producteurs de bois du Québec n’ont pas encore leur place assurée dans les silos du port. Bientôt, les granules de bois en provenance de l’Ontario seront apportés par train et seront entreposés dans les dômes géants avant de prendre le chemin de l’Europe, par bateau. Or, le représentant du Bureau de promotion de produits de bois du Québec, John Arsenault, confirme qu’aucune entente n’est signée avec des producteurs locaux. «Il y a un potentiel là. Actuellement, il ne se matérialise pas. […] À court terme, malheureusement, il n’y aura pas de granules du Québec ici.» Le marché industriel de l’exportation n’est pas encore assez lucratif pour les Québécois, qui se concentrent sur les ventes intérieures, plus avantageuses, dit-il. «C’est pas une question de manque de capacité de production. C’est l’équilibre entre l’offre et la demande pour à la fois l’approvisionnement et pour le produit livré en Europe.»

La vision du bassin Louise connue d’ici les Fêtes

Le Port de Québec fera connaître d’ici la fin de l’année le détail de sa vision du secteur du bassin Louise, a affirmé lundi son pdg, Mario Girard, qui a toujours en tête son projet d’hôtel. «Ça sera à la population de juger et de nous dire si elle trouve le projet intéressant.» Quant à l’illumination des silos du terminal de granules, on devra attendre au début 2015. D’autres projets d’expansion seront connus plus tard l’an prochain. À plus long terme, le Port planche aussi sur la réalisation de la promenade portuaire, qu’on veut voir terminée pour 2017. Les démarches auprès d’Ottawa pour une éventuelle participation financière «vont bien», s’est limité à dire M. Girard.

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