Nickel dans Limoilou: «Effets réels» sur la santé | Le Soleil.

Publié le 27 avril 2013 à 05h00 | Mis à jour à 05h00

Nickel dans Limoilou: «Effets réels» sur la santé

Le Dr François Desbiens a assuré que les risques de contracter un cancer, par l’exposition ponctuelle à des taux de nickel au-dessus de la norme sécuritaire, étaient minimes. PHOTOTHÈQUE LE SOLEIL, ERICK LABBÉ

OLIVIER PARENT

(Québec) Le nickel qui pollue l’air de Limoilou a des effets réels sur la santé des citoyens, a confirmé vendredi le directeur régional de santé publique, le Dr François Desbiens. S’il se veut rassurant sur les risques à long terme, il estime que «la situation actuelle ne peut pas perdurer».

Des données du ministère de l’Environnement ont démontré que les concentrations de nickel dans l’air de Limoilou étaient, entre 2010 et 2012, 4,4 fois plus élevées que les seuils permis.

La semaine dernière, il a été établi que la source de la contamination remontait au port de Québec. L’entreprise qui y transborde du nickel, Arrimage Québec, a reçu un avis d’infraction et doit présenter un plan de correction d’ici vendredi.

Asthme et allergies

Selon les analyses de la Santé publique, ces concentrations élevées de nickel pourraient favoriser le développement d’allergies, d’asthme, d’eczéma et d’urticaire chez des gens en bonne santé. Les personnes plus sensibles ou qui ont déjà des allergies au nickel pourraient quant à elles souffrir de crises d’asthme.

Le Dr Desbiens n’a pu préciser le nombre de personnes qui ont pu être affectées dans les dernières années. Il a toutefois assuré que les risques de contracter un cancer étaient minimes, puisque cette probabilité n’apparaîtrait qu’«à très long terme», soit après 70 ans d’exposition continue.

«Ce n’est pas un dépassement ponctuel [des seuils] pendant quelques semaines ou quelques mois qui amène un cancer», a-t-il indiqué. N’empêche, «il ne faut pas que les normes sécuritaires pour le cancer soient dépassées à long terme, il faut tout faire pour les ramener au plus bas possible», a martelé M. Desbiens.

Aucune mesure de protection n’est préconisée pour les citoyens de Limoilou. La Santé publique a plutôt formulé une série de recommandations aux différentes organisations susceptibles d’émettre du nickel dans l’air. Aux «générateurs de risque», comme le Port de Québec, elle recommande de développer ou mettre à jour leur plan d’action pour réduire la contamination au nickel dans les quartiers centraux et d’impliquer les citoyens dans leur gestion des risques environnementaux de leurs activités.

Concentrations élevées depuis 10 ans

La Santé publique conseille au ministère de l’Environnement de suivre de près l’évolution de la contamination de l’air et les mesures mises en place par les «générateurs de risque». Le Dr François Desbiens a fait savoir que le Ministère était au courant des concentrations élevées de nickel depuis plus de 10 ans. «Il aurait été intéressant que je le sache plus tôt. On aurait pu faire ce genre d’analyse plus tôt», a-t-il dit du bout des lèvres. «Dorénavant, probablement que les informations vont arriver plus rapidement dans les travaux qu’on va mettre en place.»

Il est par ailleurs recommandé à la Ville de Québec d’augmenter ses activités de verdissement et de nettoyage dans l’arrondissement de La Cité-Limoilou.

Malgré les effets réels du nickel sur la santé, le directeur régional de santé publique se montre rassuré par la baisse des concentrations mesurées dans l’air depuis trois ans par le ministère de l’Environnement. Il se dit convaincu que les mesures mises en place à la suite de ses recommandations réduiront encore davantage la pollution dans l’air.

La militante Véronique Lalande déplorait hier que les citoyens n’aient pu faire part de leurs questions et de leurs inquiétudes à la Santé publique. Le Dr Desbiens lui a assuré qu’une rencontre publique aurait bientôt lieu.

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«Qu’il arrête de se pogner le cul»

Le député néo-démocrate de Beauport-Limoilou, Raymond Côté, a pour sa part dénoncé l’inaction dans le dossier du nickel dans Limoilou du ministre fédéral des Transports, Denis Lebel, responsable des installations portuaires. «Il va falloir carrément qu’il arrête de se pogner le cul, parce que c’est quand même la qualité de vie, la santé des gens qui est affectée», a-t-il lancé aux journalistes. «C’est totalement anormal qu’Ottawa se contente d’être un spectateur silencieux et inactif de son bord. Ça marche pas», a ajouté M. Côté, estimant que le gouvernement fédéral aurait pu s’impliquer davantage dans la lutte à la pollution au nickel, puisqu’il est responsable de certaines stations d’échantillonnage depuis 20 ans.

via Nickel dans Limoilou: «Effets réels» sur la santé | Olivier Parent | Santé.

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