Publié le 10 novembre 2013 à 05h00 | Mis à jour à 05h00, Le Soleil.

Labeaume «totalement» contre le projet de silos à l’Anse au Foulon

Le maire suggère au Port de Québec de retourner à sa planche à dessin afin de lui présenter un projet plus «socialement acceptable». PHOTO LE SOLEIL, JEAN-MARIE VILLENEUVE

SAMUEL AUGER

(Québec) Le maire Régis Labeaume se place résolument dans le camp des opposants au Port de Québec pour le projet de construction de silos à granules de bois. «Surpris», «totalement» contre le projet actuel et fâché de gérer des «crises» à la pièce, le maire demande au Port de retourner à sa planche à dessin.

«Dans sa forme actuelle, la Ville de Québec s’oppose à ce projet-là. Totalement», a martelé, samedi, le maire de Québec, en marge de la cérémonie d’assermentation des conseillers municipaux de la Ville. «Nous allons faire toutes les représentations possibles pour que ce projet dans sa forme actuelle n’ait pas lieu», a promis le maire.

Régis Labeaume dit avoir parlé samedi matin au pdg du Port de Québec, Mario Girard. Sa requête était limpide : ne plus construire les silos tels quels à l’anse au Foulon. «Vous êtes capables de le changer pour qu’il soit socialement acceptable», a dit le maire aux autorités portuaires.

Le Port de Québec, en partenariat avec l’entreprise privée Arrimage Québec, projette de construire d’ici 2014 deux immenses silos de 45 mètres de hauteur pour entreposer des granules de bois. La construction verra le jour à l’anse au Foulon, en bordure du fleuve et au milieu du prolongement de la promenade Samuel De-Champlain.

Le maire fraîchement réélu a trouvé «fatiguant» le concept, notamment en raison de «l’immensité» des silos. Au-delà des bâtiments envisagés, Régis Labeaume n’a pas apprécié d’apprendre l’existence du projet alors que les travaux sont déjà amorcés. «J’ai demandé aussi aux autorités du Port de nous fournir un plan d’ensemble d’intégration des activités du Port tout le long du boulevard Champlain, jusqu’au centre-ville», a-t-il dit samedi. «On ne veut plus gérer ces crises-là à la pièce. On ne veut plus non plus être surpris.»

Conflit avec les plans de la Ville

La décision du Port de Québec de lancer un tel chantier entre en conflit avec les plans de la municipalité. «Nous, à la Ville, nous planifions, vous savez comment on travaille. On se fait des projets particuliers d’urbanisme. On planifie la ville», a expliqué Régis Labeaume. «Dorénavant, il faut exactement qu’on sache où s’en va le Port dans les prochaines années.»

Le Port de Québec a «compris le message», a assuré samedi le premier magistrat de la capitale. Les autorités portuaires auraient promis de revenir voir la Ville d’ici quelques jours pour la suite des choses. Le maire de Québec avance qu’il est «possible» que le projet se fasse autrement. «Le projet, c’est un bon projet. Je ne suis pas de ceux et celles qui critiquent le projet parce qu’ils veulent l’élimination du port.»

Le maire Labeaume a également lancé quelques flèches à l’entreprise Arrimage Québec, déjà malmenée publiquement dans les derniers mois en raison des épisodes de poussière dans Limoilou. «Il faudra qu’ils comprennent. Particulièrement Arrimage Québec. Je le répète. Qu’ils arrivent dans le XXIe siècle», a lâché l’élu. «Une entreprise privée, ce n’est pas une bonne idée d’avoir les autorités de la Ville dans le dos», a ajouté Régis Labeaume. «Je demande au patron d’Arrimage Québec de prendre acte de la position de la Ville de Québec et d’agir en conséquence.»

Alliance avec Shoiry

Tout juste assermenté comme conseiller municipal, le nouveau chef de l’opposition de l’hôtel de ville a donné son appui au maire. Paul Shoiry a félicité Régis Labeaume pour son opposition claire au projet, et a affirmé que les deux partis allaient travailler «ensemble vers le même objectif».

M. Shoiry avait déjà décrié l’idée d’Arrimage Québec dans Le Soleil de samedi. Il y a notamment affirmé que le Port de Québec agissait «sans considération pour la population» et qualifié le projet de silos de «retour dans les années 60».

Avec la collaboration de David Rémillard

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