Communiqué de presse | V.Lalande, L.Duchesne.

Diffusé le 18 décembre 2012.

Communiqué de presse

Pour diffusion immédiate

Quand une petite histoire en cache une énorme

La dispersion de poussière d’oxyde de fer n’était pas un incident isolé, ni dans le temps, ni dans l’espace. Tout le coeur du centre-ville Québec est probablement contaminé par la poussière de métaux lourds en provenance du Port de Québec.

Québec, le 18 décembre 2012 – Le 26 octobre dernier une partie de la basse-ville de Québec a été victime d’un déversement d’oxyde de fer, la fameuse poussière rouge. En fait, la seule différence entre cet incident et le quotidien de centaines de citoyens est que le produit en cause était coloré et que visuellement l’effet était plus impressionnant.Cet événement a néanmoins permis de mettre à jour une situation inquiétante mais au final: on a admis un incident, on a sévi, on a promis que ça ne se reproduirait plus. Fin de la petite histoire.

L’histoire derrière l’histoire est beaucoup plus troublante. Résidents du quartier depuis près de trois ans, nous cherchions déjà au matin du 26 octobre qui pouvait être responsable de la poussière ambiante qui était inquiétante tant par sa quantité que par sa composition. Nos premières analyses ont permis de mettre la rumeur de côté pour faire place aux faits. Pour l’événement du 26 octobre uniquement des concentrations en nickel, en cuivre et en zinc jusqu’à 20 fois plus importantes que le seuil naturel et mettant Québec au premier rang mondial pour la contamination de la poussière de rue par les métaux lourds. Devant Londres, New-York, New Delhi et plusieurs autres.

Nous avons alors voulu pousser plus loin notre analyse en prélevant des échantillons, selon les règles de l’art, durant tout le mois de novembre dans Limoilou mais aussi dans la Baie de Beauport et le quartier St-Jean-Baptiste. Ces échantillons contiennent certes une concentration plus faible en fer, toujours importante par contre, mais les concentrations pour le nickel, le cuivre et le zinc sont jusqu’à trois ou quatre fois plus grandes que lors de l’analyse initiale. L’histoire derrière l’histoire sort enfin de l’ombre.

Cette histoire, la voici. Tous les ans c’est près de 30 millions de tonnes de marchandises qui sont manutentionnées, 24 heures par jour et 365 jours par année. En plus de causer des désagréments importants aux populations vivant en bordure des installations portuaires certaines de ses matières sont nocives pour la santé. Tout ça en bordure du fleuve, très près de quartiers densément peuplés. De plus avec la demande croissante en matières premières, le dévelopement de projet comme le Plan Nord et la position exceptionnelle du Port de Québec rien ne semble vouloir freiner l’expansion constante.

La vérité c’est qu’une large bande du centre-ville de Québec, mais aussi de la Rive-Sud, reçoit en continu des quantités de fines particules de métaux lourds nommément du fer, du nickel, du cuivre, du zinc qui contaminent l’air et les sols depuis plus de 100 ans dans une relative indifférence même si des citoyens se battent courageusement pour protéger leur milieu de vie un peu partout et que quelques actions ont été entreprises.

La vérité c’est que personne ne peut réellement dire ce qui se passe derrière les barrières de sécurité, quels sont les impacts sur l’environnemnt et la santé des activités au Port de Québec et que personne n’a la responsabilité d’y veiller, sauf peut-être Administration portuaire de Québec elle-même. Les informations qui permettraient d’y voir plus clair sont innexistantes, fragmentaires ou très anciennes. Finalement, si plusieurs acteurs détiennent une partie de la réponse, les juridictions, les règles à appliquer et les responsabilités gagneraient à être mieux définis pour que chacun puissent pleinement jouer son rôle.

Nous pensons qu’il reste possible de faire cohabiter les vocations industrielles, résidentielles et récréatives sur un même territoire mais qu’il est plus que temps de prendre une pause, de réunir tous les acteurs et de vider la question une fois pour toute: Que font donc ces gens au coeur de notre ville si belle et pourquoi les laisse-t-on faire depuis si longtemps?

Véronique LALANDE et Louis DUCHESNE

Résidents de la 2e rue à Limoilou

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