Publié le 12 Mars 2013
Le Québec Express, membre du Groupe Québec Hebdo
De la poussière de nickel dans le secteur de Limoilou
Isabelle Le Maléfan
Le Comité vigilance port de Québec dévoile qu’un nouvel épisode de poussière grise, composée plus particulièrement de nickel, a touché Limoilou, la dernière semaine de février.
D’après le Comité, cette poussière proviendrait du navire Umiak I, qui était au port de Québec à la fin février. «La manutention de sa cargaison de concentré de nickel, jumelée aux forts vents, nous ont amené un autre important dépôt de poussière de métaux. Toujours une très fine poussière grise qui présente une brillance particulière», explique Véronique Lalande du Comité.
Les quantités importantes de poussière grise ont ainsi été prélevées sur les rebords de fenêtres et sur le balcon. «Nous avons un gros dépôt. Je n’ai pas pris une cuillère à mesurer pour quantifier la poussière, mais une tasse à mesurer», confie la citoyenne qui a été la première à réagir, à l’automne dernier, aux différents dépôts de poussières dans Limoilou.
«Un acteur important, le port»
La provenance du nickel dans l’air ne fait aucun doute pour Mme Lalande : «Nous vivons à trois kilomètres du port de Québec. Et pour qu’il y ait une telle pollution, sur un périmètre aussi important, car nous avons la même signature de Saint-Jean-Baptiste à Beauport, cela ne peut provenir que d’un acteur important, le port. Il est le plus important terminal de nickel en Amérique du Nord. Le nickel n’est pas lié à l’urbanisation.» Il faut rappeler que le nickel est une substance cancérigène.
Jeudi, le Comité rencontrera des représentants du ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs afin d’exposer les résultats de ses dernières analyses. «Je souhaiterais qu’on puisse discipliner, forcer le port à être un membre de notre communauté. Il doit se soumettre aux lois et règlements», confie-t-elle.
Cette jeune maman a prévenu le ministère : «la prochaine fois qu’un tel dépôt se produira, j’appelle Urgence Environnement pour que l’évènement soit pris en charge par leur service.»
Raymond Côté, député néo-démocrate (Beauport-Limoilou), s’inquiète de la concentration de nickel dans l’air du quartier Limoilou. «Quand j’ai soulevé la question aux Communes l’automne dernier, le ministre fédéral des Transports, Denis Lebel, s’en est lavé les mains en disant que ça ne le regardait pas, indique M. Côté. Mais c’est lui qui est responsable de l’application des lois environnementales pour les ports, donc c’est à lui de nous dire ce qui en est.»
«Affirmer d’emblée que la poussière qui tombe sur le quartier et les environs ne provient pas du port relève de l’aveuglement volontaire. Et M. Lebel ne fait rien concernant ce dossier préoccupant pour la population de la grande région de Québec», rajoute-t-il.
Interrogé sur le sujet, le maire, Régis Labeaume, souhaite «s’assurer qu’il n’y a pas un élément politique. Je veux juste être sûr que tout est fait pour les bonnes raisons. Je suis inquiet. Ma référence sera le ministère de l’Environnement. Je vais parler au président-directeur général du Port, c’est certain. Mais ça ne peut pas être ça. Tu ne peux pas vivre dans un quartier où il y a ce genre d’événement.»
Mme Lalande rendra publiques ses dernières données au cours de la semaine prochaine après les avoir présentées au Ministère.
