Le fédéral garde ses distances | Le Soleil.

Publié le 24 mai 2013 à 05h00 | Mis à jour le 24 mai 2013 à 07h54, Le Soleil

Pollution dans Limoilou: le fédéral garde ses distances

Le Soleil a demandé aux ministères et organismes fédéraux liés aux activités portuaires, à l’environnement et à la santé ce qu’ils ont fait depuis la découverte de particules de nickel – dépassant quatre fois les normes permises – dans l’air de la basse ville de Québec. PHOTOTHÈQUE LE SOLEIL, PATRICE LAROCHE

ANNIE MORIN

(Québec) Le gouvernement fédéral, dont relève le Port de Québec, n’a pas levé le petit doigt depuis que des problèmes de pollution de l’air attribuables aux activités portuaires ont éclaté au grand jour.

Le Soleil a demandé aux ministères et organismes fédéraux liés aux activités portuaires, à l’environnement et à la santé ce qu’ils ont fait depuis la découverte de particules de nickel – dépassant quatre fois les normes permises – dans l’air de la basse ville de Québec.

Environnement Canada, ministère qui veille à l’application de la Loi canadienne sur la qualité de l’environnement, contrôle les émissions de polluants et gère les urgences environnementales, a exigé le dépôt d’une demande d’accès à l’information pour faire le décompte des interventions réalisées sur le site portuaire de Québec.

Le tableau obtenu trois semaines plus tard ne fait mention d’aucune visite, enquête ou action en lien avec les émissions de nickel ou même le nuage de poussière rouge qui s’est abattu sur Limoilou à l’automne.

Rappelons que l’Administration portuaire de Québec (APQ) et l’entreprise IMTT-Québec, gestionnaire du terminal de vrac liquide du secteur Beauport, contestent devant les tribunaux la juridiction du gouvernement provincial en matière d’environnement. Ils estiment que la législation fédérale est suffisante et qu’elle seule s’applique sur les terrains du Port.

Dans le dossier du nickel, toutefois, tant l’APQ qu’Arrimage du St-Laurent, l’entreprise qui procède au déchargement et organise le transport du nickel, ont collaboré avec le ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs (MDDEFP) du Québec pour identifier la source et trouver des solutions.

Le ministère fédéral des Transports, qui chapeaute les administrations portuaires du pays, nous a quant à lui répondu qu’il était au courant de la situation et en contact avec l’APQ. «Toutefois, en tant qu’administration portuaire canadienne, l’Autorité portuaire du Québec [sic] est entièrement responsable d’administrer, de gérer et d’exploiter de façon autonome les activités placées sous sa responsabilité», indique par courriel Josianne Martel, conseillère en communications pour la région du Québec.

Du côté de Santé Canada, il n’a pas fallu beaucoup de temps pour savoir que «les scientifiques de Santé Canada n’ont pas examiné les récentes constatations pour Limoilou».

Le Soleil a également cogné à la porte du Programme du travail, géré par Ressources humaines et Développement des compétences Canada (RHDCC). Sa mission est de «promouvoir des milieux de travail sécuritaires, sains et productifs où règne la collaboration». C’est l’équivalent de la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) du Québec pour les entreprises de compétence fédérale.

«Le Programme du travail n’a reçu aucune plainte, n’a pas ouvert d’enquête et n’a pas émis de directives relatives au transport et à la manipulation de la poussière de nickel» par les débardeurs ou les sous-traitants d’Arrimage du St-Laurent, a fait savoir le porte-parole Éric Morrissette.

Il n’y a pas non plus de prescriptions générales pour assurer la sécurité des travailleurs exposés au nickel. «Selon la partie II du Code [canadien du travail], cet employeur, comme tous les autres sous juridiction fédérale, est tenu d’inspecter ses lieux de travail, d’informer les employés des risques auxquels ils sont exposés et de prendre les mesures nécessaires afin de contrôler ces risques», a répondu simplement le Programme du travail.

Malgré des demandes répétées, il a été impossible de savoir comment – et même si – le fédéral s’assure que les employeurs respectent leurs obligations.

À titre de comparaison, le MDDEFP, la direction de la santé publique et la Ville de Québec sont tous intervenus dans le dossier du nickel à partir du moment où des doutes ont été soulevés sur une possible contamination de l’air des quartiers centraux. Des avis d’infraction ont été envoyés à Arrimage du St-Laurent, qui a dû soumettre un plan de correction.

Un comité de vigilance des activités portuaires, présidé par la Ville de Québec et chapeauté par le gouvernement provincial, a été créé. La Direction régionale de santé publique de la Capitale-Nationale (DRSP) a également mis sur pied son comité intersectoriel sur la contamination environnementale dans La Cité-Limoilou. L’administration portuaire a également son propre comité de relations avec la communauté, où la question pourra éventuellement être discutée.

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