La pollution au nickel se poursuit au port de Québec | Le Soleil.

Publié le 21 août 2014 à 05h00 | Mis à jour à 07h31

La pollution au nickel se poursuit au port de Québec

Des données du ministère de l’Environnement obtenues par Le Soleil montrent que deux épisodes de forte pollution au nickel ont eu lieu l’an dernier, les 14 août, avec 125 ng/m3, et le 20 décembre, à 256 ng/m3. Ces deux épisodes ont eu lieu après que les canons à eau d’Arrimage, à leurs installations du port de Québec, furent entrés en fonction, en juillet 2013. PHOTOTHÈQUE LE SOLEIL, YAN DOUBLET

 

JEAN-FRANÇOIS CLICHE

Le Soleil

(Québec) Les canons à eau ont beau être en fonction depuis un an pour rabattre les poussières au port de Québec, des données de l’Environnement obtenues par Le Soleil indiquent que des épisodes de pollution au nickel surviennent encore. Mais aucune des deux compagnies qui manipulent de grandes quantités de nickel dans le port ne veut porter le chapeau.

Au terme d’une enquête, l’an dernier, le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques avait conclu qu’Arrimage du Saint-Laurent était responsable de la pollution au nickel dans les quartiers centraux de Québec, où ce métal était présent dans l’air à des concentrations d’environ 50 nanogrammes par mètres cubes (ng/m3) en moyenne entre 2010 et 2012, soit quatre fois la norme provinciale de 12 ng/m3 pour une exposition sur un an.

Arrimage (ASL), qui fait du transbordement de divers matériaux dans le port, dont le nickel, n’a jamais admis être la source de cette pollution, mais a tout de même investi quelque 16 millions $ au cours des derniers mois dans, essentiellement, un réseau de détecteurs de poussière et de canons à eau devant rabattre les particules dans l’air.

Afin de voir si la qualité de l’air s’améliorait, Le Soleil a examiné de nouvelles données du Ministère couvrant la période de mars à décembre 2013. Dans l’ensemble, disons-le, la situation s’améliore : on ne trouvait plus que 15 ng/m3 de nickel dans la Basse-Ville l’an dernier. Mais une tendance à la baisse était déjà observable depuis 2010.

Cependant, ces mêmes nouvelles données montrent que deux épisodes de forte pollution au nickel ont eu lieu l’an dernier, les 14 août, avec 125 ng/m3, et le 20 décembre, à 256 ng/m3. Notons dans ce dernier cas que seules les particules fines de moins de 10 microns de diamètre ont été mesurées cette journée-là. On trouve en moyenne près de deux fois plus de particules grossières (plus de 10 microns de diamètre) que de particules fines, si bien qu’il pourrait y avoir eu de l’ordre de 700 ng/m3 de nickel dans l’air de Limoilou le 20 décembre 2013 – mais c’est assez spéculatif.

Ces deux épisodes, il faut le souligner, ont eu lieu après que les canons à eau d’Arrimage furent entrés en fonction, en juillet 2013. Alors, logiquement, il a dû se passer de deux choses l’une : ou bien le nouveau système ne fonctionne pas aussi bien que prévu, ou alors les deux «pics» de nickel proviennent d’une autre source qu’Arrimage.

Du côté de l’entreprise de débardage, on est catégorique. «Ce que je dis, c’est que nos moyens fonctionnent. Ils ont fait leurs preuves, on le voit dans les capteurs [de poussière]», dit la porte-parole d’Arrimage Johanne Lapointe. Celle-ci précise que la poussière recueillie dans les détecteurs de la compagnie est analysée en laboratoire, notamment pour y déceler d’éventuelles particules de nickel, et que ces données (qu’il n’a pas été possible de consulter, cependant) disculpent Arrimage.

En outre, fait-elle valoir, ASL n’avait pas de bateau à quai à son terminal de nickel aux deux dates problématiques ni au cours des 48 heures précédentes. «On a fait quelques wagons, huit au total, mais ce sont des petites quantités et cela se fait sous couvert [depuis l’été 2013, NDLR]», dit Mme Lapointe.

Milieu fermé

Une seule autre entreprise manipule de grandes quantités de nickel dans le port de Québec, soit Glencore (anciennement Xstrata), qui y fait transiter le minerai extrait de la mine de nickel de Raglan, dans le nord du Québec. Le minerai est ensuite acheminé par train en Ontario pour y être raffiné. Depuis le début, Glencore est présumée n’avoir rien à voir avec la pollution au nickel dans Limoilou, parce que toutes ses opérations se font en milieu fermé – contrairement à Arrimage, qui faisait beaucoup de transbordement à ciel ouvert.

La minière admet cependant avoir fait des activités de transbordement de nickel au port de Québec les 14 août et 20 décembre 2013, mais elle ajoute du même souffle qu’il serait «très surprenant» qu’une pollution significative en ait résulté.

«Visiblement, il s’est passé quelque chose ces deux journées-là», dit la responsable de la gestion du risque et des communications de la mine Raglan, Amélie Rouleau. «Mais nos activités sont standardisées, alors ce qui se passe une journée se passe à l’année longue, et tout se fait sous couvert. On est vraiment certain que nos activités n’ont qu’une faible empreinte dans Limoilou.»

Il ne s’est «rien passé d’anormal» aux installations de Glencore au cours de ces deux journées, assure Mme Rouleau.

via La pollution au nickel se poursuit au port de Québec | Jean-François Cliche | Environnement.

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