L’agrandissement du Port de Québec, «une question de survie» | Le Soleil.

Publié le 17 novembre 2015 à 13h04 | Mis à jour à 19h29 | Le Soleil.

L’agrandissement du Port de Québec, «une question de survie»

Mario Girard a présenté mardi aux élus de la Ville de Québec le projet Beauport 2020, qui prévoit l’allongement de la ligne de quais de 610 mètres vers l’est et un empiètement conséquent de 17 hectares dans le fleuve. LE SOLEIL, PATRICE LAROCHE

Annie Morin

(Québec) Le Port de Québec a été accueilli en ami par l’administration Labeaume lors d’un comité plénier tenu mardi à l’hôtel de ville de Québec.

Le président-directeur général de l’Administration portuaire de Québec (APQ) a détaillé le projet d’agrandissement d’au moins 190 millions $ qu’il planifie pour le secteur de Beauport.

Mario Girard l’a présenté comme une nécessité. Il a dit compter sur les revenus des futurs quais pour retaper les installations actuelles en état de désuétude avancée. «Il n’y a pas d’argent dans le compte de banque du Port» pour cette remise à neuf, a-t-il insisté.

L’argument économique a été aussitôt repris par le maire Régis Labeaume, convaincu que «le Port de Québec est dans une très, très, très mauvaise situation financière» et que l’agrandissement est pour lui «une question de survie».

Reprenant les résultats d’un sondage payé et ébruité par l’APQ – selon lequel trois répondants sur quatre sont en faveur de l’augmentation des activités du Port et de la création de nouveaux espaces portuaires -, M. Labeaume s’est dit convaincu que «les gens de Québec supportent massivement l’agrandissement» et que la contestation vient de «gens qui parlent fort, qui sont des beaux parleurs».

M. Girard a tenu à expliquer aux élus municipaux les mesures environnementales adoptées depuis les dépôts de poussières ayant soulevé la grogne des résidents de Limoilou. Sept stations d’échantillonnage situées en territoire portuaire ont pour fonction de détecter les surcharges atmosphériques. Ce système a commandé 17 arrêts d’opération depuis le début de l’année, a révélé le pdg, selon qui «il n’y a pas eu d’épisode de poussières significatif depuis la mise en place des mesures» de mitigation.

Une partie des données accessibles

M. Girard a également annoncé que les données de la huitième station d’échantillonnage de la qualité de l’air située sur la 2e Rue, à Limoilou, sont désormais accessibles sur son site Web. Cela fait un an que cette publication est promise et attendue. On y trouve le taux de particules fines (à l’échelle PM 2,5) parce que «ce sont celles qui sont les plus nocives pour la santé parce qu’elles peuvent être inhalées», a précisé le patron du Port. Les résultats pour la journée en cours ainsi que la moyenne des 60 derniers jours sont présentés.

M. Girard était fier de dire que pas une fois, depuis le mois de juin, la norme quotidienne de 30 microgrammes par mètre cube – une norme provinciale – n’a été dépassée. Pour lundi, par exemple, le taux était de 4. Des pointes entre 16 et 21 ont été enregistrées à quatre reprises.

Suzanne Verreault, présidente de l’arrondissement La Cité-Limoilou, a demandé pourquoi les données des autres stations n’étaient pas accessibles. «Leur objectif à ces capteurs-là, ce n’est pas de donner la qualité de l’air, mais de nous avertir», a répondu le patron du Port.

À la fin du plénier, qui a duré plus de trois heures, celle qui est aussi présidente du comité de vigilance des activités portuaires s’est dite déçue que la population ne sache pas quelles entreprises s’installeraient sur les nouveaux terrains du Port et quelles marchandises allaient y être transbordées.

Mario Girard a plaidé qu’il était trop tôt pour s’avancer. Il a donné l’exemple d’un parc industriel qu’on rend disponible et dont il faut ensuite faire la promotion. Il a toutefois répété que l’entreposage et le transbordement seraient sous couvert et que les citoyens seraient consultés avant tout aménagement.

L’opposition s’est quant à elle informée du projet de duc-d’Albe, un quai en eau profonde permettant de transborder du vrac liquide à partir du milieu du fleuve, reporté à une phase ultérieure. Le chef Paul Shoiry a demandé quand il pourrait voir le jour. «On reparlera de ça dans 15 ans», a lancé M. Girard, précisant que les coûts de construction s’avéraient beaucoup plus importants que prévu.

Dans l’ensemble, Démocratie Québec est restée sur sa faim. «Ça ressemble à une répétition de ce qui a été dit récemment. Ils ont répondu à certaines questions, mais les questions qui touchent la qualité de vie des citoyens, ils n’ont pas répondu», a commenté M. Shoiry à l’issue de la présentation de trois heures.

Il a aussi noté l’enthousiasme de Régis Labeaume pour le projet Beauport 2020. «Ce matin, j’avais l’impression d’entendre le porte-parole, la mascotte du Port», a-t-il lancé à propos du maire. «Je pense qu’il a oublié un peu l’aspect humain du dossier.»

Source : L’agrandissement du Port de Québec, «une question de survie» | Annie Morin | Transports

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